mercredi 9 mai 2018

3/ Deuxième Chapitre - Mon Adolescence

Deuxième Chapitre

MON ADOLESCENCE



Me voici donc définitivement en Belgique. Adieu la Hollande, ses tulipes, les canaux d'Amsterdam, Adieu tout ce que j'avais connu jusque-là. Cela n'avait cependant pas été trop traumatisant, car j'aimais bien la Belgique. Après tout c'est ici que j'avais été le plus heureux: J'y avais passé chaque année de merveilleuses vacances. Bien entendu, Erwin me manquait. Nous avons continué à s'écrire quelque temps, mais arrive un temps où on ne sait plus quoi se dire et cela à fini par s'arrêter.

Vers la mi-septembre, maman est venu me chercher à Jemappes, pour me ramener vers mon nouveau foyer: Un petit appartement meublé à Etterbeek, rue Louis Titz. L'appartement - c'est un grand mot - se composait d'une grande chambre, faisant office de "studio" avec un coin "salle à manger", deux fauteuils et un grand lit. C'était là que les parents et ma petite sœur dormaient. Moi je dormais sur un lit réversible dans la cuisine. Une salle de douche et un WC, complétait l'ensemble. Ce n'était pas le grand luxe, mais c'était un début : Il fallait bien se loger !
 
Je ne connaissais pas du tout Bruxelles, c'était une toute nouvelle expérience pour moi. Ma vie avait changé du tout au tout. D'abord, plus question d'aller à l'école: les études, c'était fini, il fallait que j'aille travailler pour gagner ma vie et participer au budget familial. Nous ne possédions plus grand chose, à cause de la faillite de l'entreprise de papa. Nous n'avions plus que le strict nécessaire. Pour le superflu, on verrait plus tard ...

On m'avait trouvé mon premier boulot, j'avais 15 ans, alors ! C'était chez un boulanger-pâtissier, avenue de la Chasse. Le travail commençait à trois heures du matin. Je devais allumer les fours, aider le patron à pétrir le pain, etc. Un travail d'apprenti, quoi! La confection de la pâtisserie, c'était l'affaire du patron. Il était bien gentil le patron, il m'avait autorisé de goûter à tout, tant que je voulais. C'était une stratégie de sa part, qui porta vite ses fruits. Au bout de quelques jours, à force d'avaler de la crème pâtissière et du chocolat, j'en fus tellement dégoûté, que pour finir je n'y touchais plus. C'était bien sûr l'effet recherché ... Pas bête, le patron, hein !!!

Je ne suis pas resté bien longtemps chez le brave boulanger. Les horaires étaient vraiment trop horribles. Il fallait que je me lève tous les jours à 2 heures du matin. Et je ne rentrai à la maison que vers 13, 14 heures, si tout allait bien. J'étais mort de fatigue. J'ai bien vite compris que si c'était cela, la vie de boulanger, ce ne serait pas la mienne !  Au bout de 6 ou 7 semaines, je laissa là, fours, farines et autres levures, pour un autre emploi, qui me laisserait dormir la nuit !

Le trouvai donc mon second emploi, à la Porte de Namur, chaussée d'Ixelles, dans un Adolphe Delhaize, où je me suis bien plu, durant 6 ou 7 mois. On m'avait affecté au rayon des "Fruits et Légumes". Je n'ai jamais mangé tant de fruits de ma vie. Le gérant et le personnel étaient très gentils avec moi. Parfois je devais aller livrer des fruits et des légumes à un hôtel-restaurant, "Le Berger" dans la rue du Berger. Je me souviens que je recevais toujours un gros "pourboire" Ce n'était que plus tard que j'appris que "Le Berger" était en fait une maison de "passe", mais dans ma naïveté, je ne m'en étais jamais aperçu. Il y avait bien les "dames" qui me trouvaient "mignon", mais je n'avais jamais fait le rapprochement !  En fait, rue du Berger, c'étaient les bergères qui tondaient les moutons ...

Durant mon temps libre, les week-end, j'aimais aller aux Musées du Cinquantenaire, à deux pas de chez nous. J'aimais particulièrement le Musée d'Art et d'Histoire. J'étais fasciné par la section "Gréco-Romaine": Les magnifiques statues d'hommes nus ... ne me laissaient pas de marbre !

L'Egypte antique m'attirait tout autant. Parfois j'y emmenais ma petite sœur, qui avait alors 5 ans, et qui adorait accompagner son grand frère .  Elle amait bien ce musée, elle était fascinée par les "momies".
  
 Vers la mi-1954, nous avions déménagé à Schaerbeek, rue Adolphe Marbotin. Nous avions loué un appartement au premier étage dans une maison, propriété de Tante Romaine, une sœur de mon Grand-père. C'était un vrai "Gendarme", ce qu'on peut appeler une femme "formidable", encore faut-il apprécier ce genre de "virago". C'était assez spacieux, il y avait une cuisine. Je me souviens qu'il y avait une grosse "cuisinière"à charbon en plus de la "gazinière" ... Il y faisait bien chaud en hiver ... et la bouilloire "chantait" sur le coin du feu ... c'était  "Cosy" ! Il y avait une salle à manger, une chambre à coucher, une salle de douche, et moi j'avais une chambre mansardée, munie d'un "œil de bœuf" en guise de fenêtre, d'ou je pouvais découvrir tout le bas de Schaerbeek. J'aimais m'y refugier pour lire, où pour simplement être seul. Mon livre de chevêt de l'époque, était un roman historique de Henryk Sienkiewicz: "QUO VADIS !" ... On en avait tiré un film avec Peter Ustinov, Robert Taylor et Deborah Kerr, qui était l'un de mes préférés. Je crois bien encore aujourd'hui !

Entretemps j'avais quitté "Adolphe Delhaize" pour un "job" dans un atelier de sérigraphie "Les Impressions Hami", ou je fis la connaissance de Georget Lebon, un collègue. Et coïncidence, il était aussi mon voisin: Il habitait dans la maison a côté de la notre. Lui, ainsi que son frère,Jean, faisaient partie du "Patro Ste Suzanne" ... Ils avaient vite fait de m'attirer vers ce Mouvement de Jeunesse. Ce ne fut pas long avant que je devins un des "Dirigeants"  ...  Ce fut une chouette époque, insouciante qui devait se terminer en 1961.

C'était aussi à cette époque que je devins "acolyte" dans notre église paroissiale, Ste Suzanne ... J'y servais la Messe, surtout la "Grand'messe" du dimanche, ainsi que les "Vêpres et Complies" dans lesquels je chantais aussi. (j'avais une assez jolie voix).
 (Photos ci-dessous : L'église Sainte Suzanne ou j'étais "acolyte")
 
J'ai gardé de bons souvenirs de cette époque :  J'adorais endosser la soutane et le surplis. (J'ai même eu des désirs de devenir prêtre, idée que j'avais abandonné bien vite, ayant décidé que ce n'était pas ma vocation). Le Curé de l'époque, l'Abbé Albert Ryckmans, était très fier de son équipe d'acolytes. Nous étions une trentaine, agés entre 10 et 24 ans. Les cérémonies réligieuses étaient superbes à l'époque. On en était toujours à la Messe traditionelle, chantée (où dits pour les messes"basses") en Latin. (Introïbo ad altare Dei ...) C'était très beau et les églises étaient encore pleines en ces temps là. En plus de Mr. le Curé, il y avait encore 4 vicaires. Il n'y avait pas encore de pénuries de prêtres à l'époque (Que s'est il donc passé, pour que cela ait tellement décliné ?)

L'abbé Ryckmans était réputé pour ses homélies: On venait de loin pour les écouter. Il est vrai qu'il ne mâchait pas ses mots. Le dimanche il y avait 5 Messes, la première a 7 heures, la dernière à 12 heures (la messe des "paresseux", qu'il disait), la Grand'messe était à 10 heures. C'était lui qui faisait "l'homélie" à chacune d'elles ... c'est dire qu'il était rodé pour cette messe de "midi" ... En fin d'après-midi on chantait les Vêpres et Complies, suivie par la bénédiction du Saint Sacrement.

Je puis affirmer, honnêtement, que cette période à été la plus belle de ma jeunesse.



Fin 1954, je changeai de nouveau d'emploi. Papa, qui était "étalagiste-décorateur" pour un grand magasin, me trouva un emploi comme "étiquettiste-calicotiste" dans un magasin à rayons multiples, le "Au Bon Marché", Boulevard du Botanique. (Ce magasin n'existe plus, mais le bâtiment subsiste toujours). J'y suis resté que 15 mois. Le travail n'était pas des plus "excitants".

C'est à cette époque que mes tendances "Gay" se sont fait jour. En effet, les abords du "BM" étaient connus comme étant un endroit de "drague" pour les "Pédés" (Quel horrible mot, je préfère de loin "Gay", ce nom qu'on utilise de nos jours). Vous devinerez facilement la suite: J'étais comme une "abeille » devant un pot de miel", comme un "clou devant un aimant" !  Ce qui devait arriver, arriva !  Je m'étais fait "draguer" et j'étais passé à la "casserole", comme on dit si joliment. C'est à la casserole qu'on saute les pommes de terre, et je ne sais pas si elles y prennent autant de plaisir que je n'ai pris cette fois-là ! Le "Pied" !

Ce fut l'étincelle qui alluma la mèche qui allait faire "exploser" mes préférences pour le genre masculin. Bien sûr ce n'était pas nouveau, j'avais compris depuis longtemps déjà, que j'avais une attirance certaine pour les hommes, mais je n'avais jamais franchi le pas. Je n'avais jamais osé approcher qui que ce soit (sauf les statues grecques) de peur de la réaction qui aurait pu s'en suivre. Et puis, il y avait le qu'en dira-t-on. En outre il y avait le Patro et l'Acolytat, où ce n'était sûrement pas le genre de la maison.

A cette époque, tout ce qui touchait à la sexualité, était "tabou", péché mortel, enfer et damnation éternelle...

On pouvait s'imaginer, Satan devant sa "marmite", faisant "mitonner" tous ceux qui avaient osé faire autre chose que faire pipi avec leur "zigounette", mijotant sur le feu de l'enfer.

En outre, je ne me voyais pas confesser à mon "Directeur de conscience", qui était aussi l’Aumônier du Patro, mes tendances "Intrinsèquement désordonnés, contraires à la Loi Naturelle", comme le déclarerait quelque 50 ans plus tard, Mgr. Joseph Léonard".

Donc le seul acte que je lâchais en confession, était la chose que tous les jeunes de mon âge (17 ans à l'époque) pratiquaient à tour de poignet: La "Masturbation". Ce que je confessais par : "Mon Père, j'ai pêché par impureté" ... du reste, ne pas confesser cela, aurait été suspect, à moins que je ne sois un Saint, ce dont on ne m'a jamais soupçonné.

A vrai dire, je n'eûs plus d'expériences "Gay" pendant longtemps. J'étais trop pris par mes occupations dans la paroisse et mon boulot. (et je l'avoue, par peur de me faire découvrir).

Entre-temps, nous avions de nouveau déménagé. Suite à un gros différend, entre mes parents et la Tante Romaine, maman et papa avaient trouvé un "superbe" appartement situé à l'angle de la rue Guillaume Kennis et de l'Avenue Gustave Latinis. Au troisième étage et dans le même quartier. Toutes les pièces donnaient sur la rue (sauf la cuisine et la salle de bains) .. Il y avait 9 fenêtres en façade. Imaginez le nombre de vitres à laver ! La vue était superbe: On pouvait voir jusqu'au "Domaine Royal" et la Tour Japonaise ... et pour la première fois, ma petite sœur avait une chambre, pour elle toute seule. Ce qu'elle était fière ! Et puis on s'était rapproché de Ste. Suzanne et de l'Institut  des Dominicaines, où Nadine faisait ses "Primaires". A peine 100 M. à pieds.


En 1955, je tombais gravement malade. Je me plaignais depuis quelque temps déjà, de maux dans le dos, entre les côtes. Je faisais régulièrement des visites au service médical du "BM" et invariablement le médecin diagnostiqua: "Névralgies Intercostales" ! Mais les douleurs devenaient de plus en plus sévères, au fur et à mesure que le temps passait. Mon travail commençait à en souffrir, à un tel point que je fus licencié !

Papa, s'arrangea alors pour me faire engager comme "étiquettiste" auprès de lui, chez "Priba". Avant d'être engagé il m'avait fallu passer la visite médicale. Lorsque je mentionnai mes "Névralgies Intercostales" au médecin, il avait trouvé cela "suspect" et il me fit passer des tests et une "Radioscopie" ... On avait diagnostiqué, une "Infiltration Tuberculeuse des Sommets des Poumons" ... On m'expédia dare-dare au Sanatorium "Georges Brugmann" à Alsemberg.


(Ici je suis en compagnie de maman, lors de mon séjour en Sanatorium)


 
Quelques jours après mon arrivée dans cet établissement, mon état s'empira brusquement : Je fis une Pleurésie, qui faillit m'être fatale. Je fis tellement de fièvre que je commença à "délirer" et que je ne reconnaissait plus mes parents, lorqu'ils venaient me voir. Heureusement, le médecin-directeur de l'établissement, le Dr. Wyns, parvint, à gros renfort de "Streptomycine" et de "Rimifon", à enrayer la maladie. Je devais subir des ponctions tous les jours, jusqu’à ce que l'infection ce soit dissipée.

Petit à petit, je me remis, et on m'installa dans une chambre à quatre lits, avec des jeunes d'à peu près mon âge (ils avaient entre 18 et 21 ans). Il ne me fallut pas longtemps pour m'apercevoir d'un étrange "manège" après l'extinction des lumières. Les gars de la chambrée se rendaient visite les uns aux autres, dans leurs lits. La bienséance m'interdit d'être plus explicite.

Lorsque l'un d'eux m'avait invité à participer à leurs ébats, je n'avais pas hésité bien longtemps. Genre de temps que l'on compte en "nanosecondes" ...
Mes "tendances" furent à nouveau réveillées. En fait elles n'attendaient que cela ! C'est alors que j'acquis un peu plus "d'expérience" ... Quoique ce n'était pas encore la "grande explosion" :  Celle-ci ne surviendrait que quelques années plus tard !

Après 13 mois de "Sana", je pus enfin rentrer définitivement à la maison. J'étais déclaré entièrement guéri de la Tuberculose. Je n'ai jamais plus revu aucun de mes "compagnons" de chambrée... 

Nous sommes à la mi-1956 ... A ma grande surprise, la place chez "Priba" était toujours "ouverte" (probablement grâce à papa). Je repris le travail après un bref apprentissage au magasin de la rue de Halles, près de la Bourse. Quelques mois plus tard, je fus transféré dans une nouvelle succursale, Rue Richard Vande Velde à Schaerbeek. Là, je travaillais seul, comme décorateur-étalagiste. Le gérant, Mr. Dewolf, avec qui je m'entendais à merveille, m'avait donné "carte blanche" pour tout ce qui concernait la décoration du magasin. En outre, lorsqu'il y avait affluence, on me demandait de donner un coup de main à la vente. J'adorais cela !

Côté loisirs, je repris du service auprès du Patro et comme Acolyte. Mes tendances "Gay" s'étaient de nouvé estompées, mises en "veilleuse" en quelque sorte. Les mois passèrent. J'étais heureux avec tout ce que je faisais. Les activités au Patro m'absorbaient totalement: l'organisation des jeux, les veillées, les fêtes ... En outre le dimanche il y avait la Messe et les Vêpres  ... J'adorais cela, pour rien au monde, j'aurais raté cela. Cela m'avait beaucoup manqué durant ces 13 mois au sanatorium. Quoique, il y avait une chapelle au "Sana", où un "vieux" prêtre venait dire la Messe les dimanche et les jours fériés. Bien entendu, j'y servais la Messe. 

Cette période était faste pour moi. L'époque était fort différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. La libération de la guerre n'était pas encore tellement éloigné dans le passé, et la plupart des jeunes avaient étés éduqués dans le souvenir de cette époque troublée. Il y avait beaucoup plus de discipline, alors. Les jeunes n'étaient pas laissés à leur sort comme aujourd'hui.

Ils avaient encore du respect pour leurs aînés.

C'est aussi à cette époque que je suivais des cours du soir de dessin et publicité, à l'Ecole Saint Luc, rue de Palais. J'aimais beaucoup cela. Surtout les cours de dessin au fusain. Il y avait toujours un jeune homme (il était très beau) qui posait tout nu. Je crois que je l'ai dessiné sous tous les angles possible. Parfois on dessinait le portrait d'un des élèves qui était désigné pour poser. Il y avait notamment Herbert. Je lui ai fait son portrait, et il avait adoré. Il m'avait même demandé si je voulais bien le lui donner.  Il faut dire qu'il était "beau gosse" et que j'étais attiré par lui. Il était musicien (il jouait du violon, de l'Alto) et dans la journée il allait au conservatoire. Un jour je l'ai ramené à la maison pour le présenter à mes parents. Nous nous sommes pas fréquentés très longtemps, d'abord il n'était pas "Gay" du tout, et il était très pris par la musique et le dessin ...

1957...
La vue qu'on avait depuis notre appartement était en train de changer très rapidement. Le Boulevard Lambermont avait subi de grosses transformations. D'une artère verdoyante, bordée de 4 rangées de Vieux Platanes, avec une piste équestre, une piste cyclable et la ligne de tram sous les frondaisons et 2 voies carrossables de part et d'autre, elle était devenue une véritable "Autoroute Urbaine". Disparus les beaux arbres, ils avaient dû faire place à l'Asphalte. A l'horizon on pouvait apercevoir le travaux de l'Expo '58. La construction de l'Atomium avançait à grand pas. Bruxelles n'était plus qu'un gigantesque chantier. L'ancienne Gare du Nord avai cèdé la place au une tour de verre, le "Centre Martini". Un long viadux partait de la Place Rogier vers la Place Simonis. La vieille "Gare de l'Allée Verte", Monument Historique, puisque c'est de là que c'était ébranlé le tout premier train du continent, avait été démolie, pour faire place à l'Héliport (qui lui aussi à disparu aujourd'hui) ... Et tout cela pour "l'Exposition Universelle de Bruxelles 1958"
  
Puis, enfin, ce fut l'ouverture de "L'EXPO '58" ... Il faut dire que cette année avait commencé sur les chapeaux de roues. Pour me faire
un  peu d'argent de poche supplémentaire, j'avais offert à Mr. Dewolf de faire le nettoyage du magasin le soir après la fermeture, juste le temps que la femme de ménage fasse son accouchement. Cela m'avait rapporté un beau petit pécule supplémentaire. Je rêvais de posséder un "magnétophone", ce qui était quelque chose de "nouveau" pour l'époque. Avec ce que j'avais gagné, j'eus tôt fait de l'acquérir.
  
Mes parents, quand à eux, avaient mis deux chambres, la leur et la mienne, à la disposition de "Logexpo" ... La chambre de ma sœur fut tranformée en chambre pour les parents et ma sœur, tandis que moi je dormais sur le canapé du living. Cette période "Logexpo" fut un franc succès. Pas mal de gens avaient défilé chez nous, de toutes Nationalités, des quatre coins du monde. Ce fut très agréable de faire la connaissance de tous ces gens.
  
Il faut dire qu'il y avait quand-même des gens un peu "bizarres". Je me souviens d'un Italien, qui tous les matins sortait a 6 heures, vêtu d'un grand manteau noir et avec un immense parapluie, et qui allait attendre le premier tram à l'arrêt juste en face de chez nous.

Une autre fois c'était un jeune Américain, un Texan de Houston, qui lui, préfèrait passer les soirées avec nous à discuter et à nous apprendre à jouer au Poker.

Je me rappelle d'avoir reçu une invitation personnelle, sur papier parchemin, à une réception au "Belvédère" (là où Leurs Majestés le Roi et la Reine habitent actuellement) par le Baron Moens de Fernig. Je n'ai aucune idée en quelle honneur et comment ils ont eu mon nom. Inutile de dire que j'ai décliné l'invitation, poliment.

Je suis allé à maintes reprises a "l'Expo", seul et avec le Patro. C'était formidable, toutes ces merveilles, exposées à la vue de tous. Toutes ces prouesse technologiques. C'était l'époque où l'Union Soviétique avait mis sur orbite le tout premier satellite artificiel, "SPOUTNIK", dont on pouvait admirer la copie dans le pavillon de l'URSS. Tous les visiteurs étaient fascinés par cette petite boule de métal, dont l'original tournait autour de la terre en émettant comme unique signal radio un : BIP, BIP, BIP ..., qui fut diffusé" par toutes les radios du monde.

NOUS ETIONS BEL ET BIEN ENTRES DANS L'ERE SPATIALE !


Malgré toute l'agitation qui secouait Bruxelles, cette année là, j'jétais quand même parti passer mes vacances avec ma Marraine et mon Oncle, à Olloy-sur-Viroin. Nous logions è l'Hostellerie du Viroin, juste en face de la Gare. Cet établissement n'existe plus de nos jours.

Là, je fis la connaissance du fils de la patronne de l'hostellerie. Un très gentil garçon, Emile, qui avait a peu de chose près mon âge. Il n'a pas fallu longtemps pour que je me rendis compte qu'Emile avait les mêmes tendances que moi. On devint amis, le temps des vacances. Nous faisions de longues randonnées à bicyclette, dans la région. Emile me montra tout ce qu'il y avait à voir dans la région: Le "Fondry des Chiens" à Nismes, les "Abannets" le "Matricolo", etc. Il faisait un excellent guide. Nous avions beaucoup parlé et fait de longues promenades en forêt, découvrant la nature de près. ... Ce fut là que nous avions examinés nos "natures" de plus près ... si vous voyez ce que je veux dire ! C'est cela qu'on appelle, les leçons des choses ... Mais Emile était qu'un bon copain, rien de plus. Je l'ai revu en vacances en Autriche. Par la suite je l'ai perdu complètement de vue. Je n'ai aucune idée ce qu'il est devenu.

Une fois l'Expo terminée, la routine repris son cours. Je pus ré-intégrer ma chambre et retrouver ce qui faisait mon quotidien.: le travail, le Patro et l'Acolytat ...

C'est à cette époque que mourut SS. le Pape Pie XII. Pour moi ce fut un événement marquant, car avec quelques autres acolytes, nous avions été désignés par Mr. le Curé pour sonner le "glas" ... Pour ce faire, nous devions monter dans le clocher de l'église et donner un coup de marteau sur le Bourdon, toutes les 5 minutes, depuis le lever du soleil, jusqu'au coucher. On se rélayait toutes les heures.

Cette journée du 9 octobre 1958, nous parut interminable ! 

(Ci-dessous, les trois photos au "Patro" Sainte Suzanne, en camp d'été à Lourdes)
  
En 1959, je partis au Camp avec le Patro, destination les Pyrénées et Lourdes. Comme j'avais toujours une santé fragile, suite à ma Tuberculose, je ne dormais pas sous la tente, mais à la ferme d'à côté ... Ainsi que notre Aumônier.
Comme de bien entendu, nos fîmes le Pèlerinage à Lourdes au sanctuaire.
Cela m'avait laissé une forte impression. Toute cette souffrance, tous ces malades qui viennent là par milliers, avec l'espoir d'une guérison. La ferveur était omniprésente, palpable. par contre, ce qui me déplut "souverainement", c'était le commerce, omniprésent, de bondieuseries ... On y vendait des chapelets, des images pieuses, de l'eau de Lourdes en bouteilles, des statuettes, des vierges "porte clefs" et tutti quanti.... Je suppose que tout le monde à le droit de gagner sa vie, mais tant de mauvais goût, c'est choquant quand-même !

De retour au travail, le nouveau gérant du Priba Schaerbeek, Mr. Close, avait été désigné pour ouvrir un tout nouveau magasin à Jette, rue Léopold 1er. Il s'agissait d'un tout nouveau concept à Bruxelles, un "Supermarché" de style USA. Le gérant m'avait offert, ainsi qu'à quelques autres personnes de l'accompagner dans cette l'aventure. Nous avions accepté bien volontiers, car Mr. Close était un chouette patron, que nous aimions bien. Donc on partit pour la nouvelle succursale pour "faire l'ouverture" ... Ce "Super" existe toujours, mais sous l'enseigne de "Carrefour"

En 1960, cette période heureuse de ma vie allait prendre une toute nouvelle tournure. On avait offert à maman la gérance d'un Magasin de Papeterie, Librairie et Articles pour Fumeurs, "SOGESMA" ... Le magasin se trouvait Square Gutenberg. ... Maman ayant accepté l'offre, nous voici donc devant un nouveau déménagement. Nous allions vivre dans l'appartement au dessus du magasin. C'est ainsi que j'ai dû cesser de fréquenter Ste Suzanne, le Patro, l'Acolytat ... Terminé, Stop ! Le Square Gutenberg était vraiment trop loin de Ste Suzanne.


Tout était en place pour que ma vie change radicalement.
En déménageant, je laissais derrière moi, mon adolescence !

Ma vie d'adulte était sur le point de commencer véritablement.

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