lundi 21 mars 2016

8/ Septième Chapitre - Ma vie d'adulte - Le retour à Bruxelles - Les premières années.


Septième Chapitre
MA VIE D'ADULTE -
LA PÈRIODE BRUXELLOISE -
Les premières années
 
 
Me voici donc revenu a Bruxelles, seul, ayant du laisser provisoirement mon Mike chéri à Londres. Il n'avait pas encore réussi à trouver du travail à Bruxelles et il continuait donc ses recherches. 
Pour ma part, j'avais posé mes valises chez maman et papa, en attendant l'arrivée de Mike. J'avais immédiatement débuté mon emploi à la "PanAm". Il y eût d'abord la mise au courant. Pour cela on m'avait assigné un "parrain", qui comme moi était un ancien de la "SABENA" et comme moi ... gay. J'étais bien placé pour le savoir, puisque E.... était un de mes ancien flirts !
Chez les parents tout se passât bien, au début. Ils étaient ravis de me voir rentré au bercail. Je leur parlai de Mike, comme un ami cherchant un emploi en Belgique. Quelle fut ma surprise, quand maman et papa suggérèrent, que quand Mike débarquerait à Bruxelles, qu'il vienne loger chez eux quelque temps, à la Chaussée de Gand. Gentille proposition ... Avaient-ils compris que cet ami était plus qu'un ami ? Je ne le pense pas ...
Le temps passait, lentement, trop lentement pour moi. Mike n'avait toujours pas trouvé d'emploi. Un mois passa, et c'est alors que papa fit une suggestion:
 
Pourquoi Mike ne viendrait-il pas à Bruxelles de suite ? Ce serait sûrement plus aisé pour lui de trouver un emploi en étant sur place.
 
J'aurais pu y penser moi-même; j'en parlais donc avec Mike au téléphone. Il avait pensé la même chose et il m'avoua en même temps qu'il commençait à trouver notre séparation de plus en plus difficile à supporter. Que je lui manquais énormément. Ce qui était, ô combien, réciproque.
Quelques jours plus tard, mon Mike débarquait à Bruxelles. J'étais allé le chercher à la gare et il s'installa donc chez nous. Maman et papa avaient tout de suite été séduits par mon ami "British", par sa personnalité très attachante, son esprit et par son sourire désarmant. Il avait un sens de l'humour irrésistible, très Britannique. Il parlait un Français impeccable, avec un délicieux petit accent. Tout cela fit que Mike fut adopté immédiatement par toute la famille. Je me souviens encore, qu'il devait raconter "ad nauseam" l'histoire de "Noddy", une comptine pour enfants en Anglais. Maman, papa et Nadine, n'en comprenaient pas le premier mot, mais ils adoraient !
Tout en haut de la maison, il y avait deux chambres mansardées, qui moyennant quelques travaux, feraient un joli petit flat pour nous deux. Maman et papa avaient suggérés que nous nous y installions, gratuitement, ainsi nous ferions des économies. On devait juste participer aux frais du ménage. Après quelques aménagements une des pièces fit office de "salon" où nous pouvions nous relaxer et écouter de la musique, sans déranger les parents. L'autre pièce serait la chambre à coucher où nous avions placé deux lits et une garderobe. Deux lits ... pour le "qu'en dira-t-on", puisque les parents n'étaient pas censés de savoir que nous serions le plus souvent à deux dans le même ! Nous pouvions utiliser la salle de bains des parents. Et il était convenu que nous mangerions avec les parents, moyennant participation au frais, ce qui était la moindre des choses.

( Photo :  Mike au travail à son premier boulot à Bruxelles)

Mike eût vite fait de décrocher un emploi comme "libraire/traducteur" dans une petite entreprise de publications. Son nouveau patron, Mr. Troch, avait promis qu'il ferait le nécessaire pour obtenir un permis de travail. Le boulot n'était pas des plus excitants et plutôt mal rémunéré, mais c'était un début.
 
Mike qui n'avait jamais fait de traductions, professionnellement s'entend, se débrouillait pas mal du tout. Tout allait bien, jusqu'au jour où un client demanda de traduire un article médical. C'était pas évident: Mike avait eu beaucoup de difficultés avec les termes médicaux. Lorsqu'il apparut qu'a l'avenir il y aurait de plus en plus de traductions de cet ordre, c'en fut de trop pour mon chéri. Il démissionna et se mit à la recherche d'un autre job, que, heureusement, il trouva assez rapidement, chez un distributeur de presse. Cette société était dirigée par une dame Anglaise et Mike fut engagé immédiatement.
Côté "Permis de Travail" rien ne semblait bouger. Mais le nouvel employeur nous assura qu'elle s'en occupait et que ce ne serait qu'une question de temps.

 
A la maison, tout continuait à aller bien, l'entente était excellente et Mike avait été adopté comme faisant partie de la famille. Nous étions bien dans notre deux pièces sous les combles. Comme chauffage nous avions fait installer notre convecteur au gaz Londonien qui nous avait accompagné, lorsque nous avions quitté Ealing. Côté vie privée c'était toujours aussi merveilleux. Le fait d'avoir été séparés, nous avait rapproché encore d'avantage.
 
Nous étions de plus en plus amoureux de l'un et l'autre.
Nous étions heureux, très heureux !

Puis, un jour, "LE" drame éclata. Un dimanche matin, maman avait eu l'idée "saugrenue" et surtout malheureuse,  de venir nous apporter le café dans notre chambre. Elle fit irruption avec un plateau de croissants et du café. Elle nous trouva, dormant à poings fermés dans le même lit, dans les bras de l'un l'autre.    Imaginez la scène !    C'en était fini avec notre tranquillité: Il y eût de méchantes disputes entre maman et nous. Mike fut accusé injustement de m'avoir débauché (le "mal anglais"). Papa garda le silence. Ma soeur, aimait trop Mike et son grand frère, pour se formaliser. Elle parvint même à quelque peu apaiser maman. Mais Mike apparaissait maintenant dans une lumière toute différente aux yeux de mes parents. L'atmosphère était à couper au couteau. Vers la fin 1968, peu après la Noël, une nouvelle dispute éclata.
Ce jour là, papa, peut-être en manque de produit batave, avait regardé un peu trop profondément dans son verre de genièvre "Hertekamp" et il était passablement éméché. Le ton monta rapidement et les noms d'oiseaux nous furent lancés a Mike et moi. Papa nous insulta, nous traitant de sales "Pédés", d'enculés, et autres noms du même style. Ce qui ne fit pourtant pas partie de son vocabulaire quand il était sobre... J'en passe et des plus croustillantes. Ce n'était que la boisson qui parlait, j'en suis persuadé. Il avait affirmé, que nous avions manqué de respect envers maman, envers ceux qui nous avaient offert l'hospitalité. On peut penser qu'il n'avait pas entièrement tort, mais entre nous, c'était un peu de sa faute quand-même: On ne fait pas irruption dans la chambre à coucher de deux hommes, comme cela ! Le ton montait de plus en plus et pour finir je hurlais aussi fort que papa. Maman s'était calmée quelque peu, surprise par le ton de ma voix.
Mon Mike, le pauvre, ne savait plus où se mettre. Il efforça avec l'aide de ma sœur, de me calmer. Au bout d'un moment, Mike s'était mis à pleurer à chaudes larmes, et il était sorti du living et était monté dans notre chambre. J'ai plaqué là maman et papa et je suis monté retrouver mon Mike.  Visiblement cela avait été de trop pour Mike. Je le trouvai affalé sur son lit, pleurant à gros sanglots. Je le pris dans mes bras, le couvrant de baisers, ce qui l'apaisa quelque peu ... Par la suite, Mike m'avait dit, que si ce n'était pour moi, il serait déjà retourné en Angleterre. C'est alors que je me suis rendu compte de tout l'Amour qu'il avait pour moi. Moi aussi, je me suis mis à pleurer à chaudes larmes ... Ce devait être un "beau" spectacle de voir deux hommes sangloter, tout en étant dans les bras de l'un, l'autre !
Lorsque nous avions retrouvé quelque peu le calme et nos esprits, nous avions parlé longuement et nous avions pris la décision qui s'imposait :
 
Dès le lendemain, nous irions à la recherche d'un appartement.
 
C'était la seule chose raisonnable à faire, si nous voulions que notre couple survive. C'était dans l'intérêt des parents, mais surtout du nôtre ! Pas question d'être à l'origine de conflits familiaux, mais nous ne ferions pas de concessions non plus. Nous sommes donc redescendus, pour annoncer notre décision au parents...
Alors là, la dispute repris de plus belle! Maintenant maman accusait papa, qu'avec sa "sale" boisson et ses insultes, tout ce qu'il avait obtenu, c'était d'éloigner son fils et de l'avoir dressé contre elle ...
Vous voyez la scène, pour finir c'était papa le coupable, j'avais presque "Pitié" pour lui !

 
Dès le lendemain nous sommes partis à la recherche d'un nouveau logement. Il fallait en trouver un qui ne soit pas trop cher et qui conviendrait du point de vue des transports publics. Il fallait aussi tenir compte du fait, que deux hommes vivant ensemble, ce n'était pas encore trop accepté par tous à l'époque. Comparé à Londres, Bruxelles était encore comme une petite ville de province. Nous eûmes donc quelques difficultés à trouver.
Comme en attendant il fallait quand-même un toit au dessus de nos têtes, nous étions convenus avec les parents que nous continuerions à loger chez eux, le temps de trouver un appartement. Bien sur, nous n'avions plus voulu continuer  de loger aux frais de la "princesse", donc nous avions commencé à payer un loyer. C'était plutôt "symbolique", mais nous ne voulions pas passer pour des profiteurs. Pour nos repas, nous allions manger dans les petits restos du coin.
 
 Au printemps 1969, à notre grand soulagement, nous avions enfin trouvé l'appartement qui nous convenait, rue Louis Delhove 74 à Ganshoren, derrière la Basilique du Sacré-Cœur. C'était dans une maison du début du 20e Siècle. L'appartement était pour moitié au "Sous-sol" (living et cuisine) et pour moitié en "Entre-sol" (deux chambres) ... Nous avions placé un lit double dans chacune des chambres, ainsi que deux garde robes. Ceci pour donner le change à notre propriétaire, Mme Vande Perre, qui était un vieille dame très gentille, mais que nous ne voulions surtout pas choquer. Elle nous avait baptisés "My Boys", en souvenir des aviateurs Anglais qu'elle avait cachés chez elle durant la guerre.
 
 
Il y avait aussi un jardin, ce qui ravit Mike, bien entendu.
L'avant de l'appartement en sous-sol, était au niveau "rez-de-chaussée" à l'arrière.
 
Après avoir déménagé, nous avions vite fait de transformer l'endroit en un petit "nid" cosy et confortable. Entre-temps, Mike, ainsi que moi-même, nous avions reçu une augmentation de salaire. Pour moi, arrivé en fin de stage d'essai, j'étais passé de 8.000 FB a 11.000 FB. Pour Mike c'était un rien de moins, 10.500 FB si je me souviens bien. A deux cela fut un montant assez "confortable". Cela nous permit d'acheter quelques meubles, comme par exemple notre chambre à coucher. Durant toute notre vie à Bruxelles, cette chambre-à-coucher est restée la "notre" ... Je l'utilise encore aujourd'hui. (Quand je vous disais que j'étais conservateur) ... Nous avions aussi un deuxième lit double pour l'autre chambre, qui allait servir comme chambre d'amis. Puis quelques meubles de cuisine, une gazinière, une table et quatre chaises. Et un réfrigérateur que j'avait acheté d'occasion à un collègue. Ah oui : Aussi un tapis, acheté au "Grands Magasins de la Bourse" ... Ce tapis c'est avéré d'excellente qualité, puisque je m'en sers toujours, 45 ans plus tard ! (conservateur et soigneux) .. Le plombier du coin avait installé notre convecteur Londonien qui nous suivait partout. Dans la cuisine il y avait un vieux poêle au charbon, appartenant à la propriétaire, et qui nous à bien servi pendant quelque temps.
Entre temps la seconde épouse de mon grand-père était décédée. Mon grand-père s'étant alors installé chez une de ses filles, la tante Alice, j'avais hérité de quelque mobilier: Un salon composé d'un Divan 3 places et deux fauteuils assortis et un table de salon. Il y avait aussi un lustre, deux appliques et quelques bibelots. Et aussi un beau crucifix, qui trouva une place d'honneur dans notre chambre. Je ne m'en suis jamais séparé et il à toujours la place d'honneur dans ma (notre) chambre, près de la photo de Mike sur la cheminée..
 
 
J'aime croire que ce Crucifix à toujours veillé sur nous
durant notre vie ensemble.
 
 
 
A cette époque nous avions loué un Poste de Télévision, car acheter c'était encore hors de question, vu notre budget quand-même un peu serré. D'ailleurs, peu de gens en avaient les moyens à cette époque. Bref, nous étions confortablement installés dans notre petit "nid". Ce n'était pas le grand "luxe", mais c'était "chez nous" ... Nous aimions regarder la télé le soir, confortablement installé sur le divan du grand-père, dans les bras de l'un, l'autre. C'était le bonheur parfait.
Par contre le samedi, c'était notre soirée "Cinéma". Il en avait un au bout de notre rue, sur l'Avenue Charles Quint, le "Ciné Basilique".



C'est aussi à cette époque où nous avions acheté notre première auto. Le fisc Britannique m'avait fait un remboursement d'impôts que j'avais payé durant mon séjour à Londres. Comme j'y avais vécu moins de 5 ans, j'avais le droit d'être remboursé de toutes les taxes que j'avais payé là-bas. Nous avions acheté une voiture d'occasion, une "Break", une Triumph Herald "Estate", toute blanche. Qu'est-ce qu'elle était belle ! Elle avait de l'allure. Elle avait un beau tableau de bord en noyer. Par la suite nous avions réalisé que l'achat n'était pas des meilleurs. Nous avions été "roulés" dans la farine par le garagiste, un véritable "margoulin". Cette bagnole nous à causé que des ennuis, néanmoins nous l'avons conservée durant deux ans.



Elle fut remplacée par une Opel Kadett "break" (On avait un faible pour les "breaks"). On l'avait achetée pour une bouchée de pain auprès de notre boucher. Ou était-ce pour une bouchée de viande ? .. Toujours est-il que celle-ci a encore tenu deux ans sans aucun problème, ni ennui.
En 1970, notre propriétaire avait entamé des travaux importants à la maison: Elle fit construire une "extension" sur toute la largeur et hauteur de la maison. Comprenant le Rez de Chaussée, le Premier et le deuxième étage, sur trois mètres de profondeur. Il y avait des grandes baies coulissantes donnant sur des terrasses. Les travaux avaient été menés rondement, et l'été 1971 venu, tout était terminé ou presque. Nous avions une toute nouvelle cuisine. L'ancienne était devenue notre salle à manger.
A l'étage notre chambre s'était agrandie, et il y avait maintenant une belle salle de bains avec WC séparé, attenantes à notre chambre. Le luxe !
Et tout cela sans augmentation de loyer ! Nous avions vraiment une "proprio" en or !!!
 
 
Mme. Vande Perre possédait une autre maison à Berchem Ste Agathe, pas bien loin de chez nous, ainsi qu'une grosse maison sur la côte Belge à Oostduinkerke, ou elle mettait en location des "flats" meublés pour les vacances.
Un jour (c'était au temps des cerises) elle nous invita chez elle à Berchem à venir manger une omelette aux tomates, avec des frites. Il y avait dans son jardin un gros cerisier, charge de fruits. Comme Mike adorait les cerises, il avait tôt fait de grimper dans l'arbre, afin de récolter des fruits. Je le vois encore grimper comme un singe et de ce balancer sur les branches. Je ne cessai de lui dire d’être prudent, je ne voulais pas qu'il tombe et se fasse mal, ou pire encore, qu'il se rompe le cou !. Tout se passa bien, et je crois qu'il avait bien cueilli 5 à 6 kilos de belles cerises noires !  Et l'omelette était un délice, bien baveuse, avec des frites croustillantes, Mmmm. C'est de ces choses simples, que sont faits les plus beaux souvenirs.
Nous avions aussi passé un long Week-end dans sa maison à Oostduinkerke, où elle nous avait également invités. Mike avait un petit faible pour la mer, donc cela tombait bien. C'est un goût qu'il avait conservé tout au long de sa vie.
C'est aussi à cette époque que ma sœur, Nadine, à épousé celui qui est maintenant mon beau-frère, Thierry.
(Photo : Marleen, Mike, votre serviteur (et Vanya, notre chien), prenant le café au jardin)
 
Aux étages de "notre" maison, il y avait quelques autres locataires avec qui nous nous entendions bien. Il faut dire que les années septante (70) étaient une époque sans soucis ... Tout était possible alors. La vie paraissait tellement facile !

 
Il y avait notamment Marleen, une gentille fille qui travaillait comme moi pour une compagnie aérienne, Iberia, la compagnie Espagnole. Une collègue en quelque sorte. Son bureau était quasi en face de de la PanAm, au Cantersteen. Elle était de très agréable compagnie. En été nous prenions souvent le café sur la terrasse où au jardin, accompagné d'une pâtisserie. Je repense souvent à ces temps heureux, insouciants. Nous avions alors un chat et un chien. Le chat, qui était le mien, s'appelait "Peggy". C'était une vraie petite "garce". La chienne de Mike, "Vanya", était une bonne pâte. Elle était adorable, mais elle était passée grande spécialiste en bêtises de tous genres, et très "gourmande" de surcroit.
Nous avions souvent eu de la visite d'Angleterre. De la famille et des amis. Nous avons notamment eu la visite de Peggy, la sœur de Mike, et Frank, son mari. Ils avaient étés séduits par la qualité des pâtisseries Belges. Lors d'une visite à Bruges, ils s'étaient arrêtés devant une pâtisserie qui comportait un "salon de dégustation". Frank à avalé deux gaufres aux fraises, garnies de crème Chantilly. Je n'ai jamais compris comment il avait fait pour ne pas avoir été malade. A croire que les Anglais ont des estomacs en béton: Quelques jours plus tard, il était parti se balader tout seul et est revenu les bras chargés de gâteaux de toutes sortes. Aie, Aie, pour le régime !

Ci-dessous : A gauche - Réveillon de la Nouvel-An ... Nous nous souhaitons la Bonne Année  ... A droite : Nous sommes à "Keukenhof" ...
 
Côté famille, les choses c'étaient bien améliorées. Quoique, maman et papa, n'ont jamais entièrement acceptés la vie que je m'étais "choisi" en compagnie de mon Mike. Ils sont venus nous voir assez souvent, mais malheureusement, cela ne s'est jamais fait spontanément. Il fallait toujours une invitation "officielle". Jamais ils ne sont venus "comme ça", en passant, comme j'en avais eu l'habitude en Angleterre. C'était dommage, ils ont raté beaucoup de choses ainsi. Pourtant, ils savaient qu'ils étaient les bienvenus.
  
 Côté amis, le cercle allait en s'agrandissant, mais modestement. Nous préférions avoir peu d'amis, mais de bons amis ... Il y avait par exemple Georges et Erhardt, que je connaissais déjà, bien avant que Mike entra dans ma vie. Georges était un collègue du temps où je travaillais pour la "SABENA". Lui, il travaillait alors pour "ALITALIA" ... Ils sont partis pour le Kenya vers la fin des années '70 et nous les avions perdus de vue. J'ai retrouvé Georges, en 2012 ... deux ans après la mort de Mike. Son ami Erhardt était lui aussi décédé quelques années auparavant.

Il y avait aussi Denise et Heidi, un couple de lesbiennes, avec qui nous avons passé des soirées très agréables, chez elles et chez nous. C'est chez elles que nous avions fait connaissance de Baudoin, un très chouette garçon, collègue de la petite Denise. Lui et son épouse sont toujours restés d'excellents amis. Encore aujourd'hui. Baudoin est le genre de gars qui est toujours "disponible" pour ses amis. Il à un peu mon caractère. Pas étonnant, il est "Vierge" (le Signe astrologique, s'entend) comme moi.

 
Mon amour pour Mike n'avait fait que grandir au fur et à mesure que les années passèrent. C'était un garçon foncièrement honnête, avec un "cœur grand comme ça", d'une très grande douceur. Il était plein de compassion pour autrui, plein de tendresse aussi. Il était d'une grande humilité, jamais un mot de travers, de peur de blesser. Il avait une sainte horreur de la violence, des grossièretés et de la vulgarité. Bref, un garçon qui à mes yeux n'avait que des qualités et qui avait été bien élevé par ses parents... En outre il était "Beau gosse", ce qui ne gâtait rien bien entendu. Et puis, je sentais bien qu'il m'aimait profondément, il était plein de petites attentions pour moi. Il m'a prouvé son amour pour moi à maintes reprises pas la suite, jusqu'à la fin ...
 
J'avais eu une chance inouïe de l'avoir rencontré, ce beau jour de juin 1966. Bref, nous étions toujours "bleus" l'un de l'autre. Un sentiment qui à duré toute notre vie de couple.  Et j'ose prétendre que ces sentiments pour Mike perdure  encore maintenant, ... alors qu'il n'est plus là. Les années "septante" étaient fastes pour nous et il me semble qu'elles l'étaient pour tout le monde. La vie "semblait" tellement facile, insouciante, les gens nous apparaissaient heureux. Je peux me tromper, bien sûr, mais quand on nage dans le bonheur, tout ce qui nous entoure, nous semble "baigner" dans la même félicité
 
(Photo:  Mike dans une rue de "POMPEÏ")

Revenons un peu en arrière, en 1970. C'est alors que nous avions pris nos premières "vacances " véritables. Quinze jours en Italie, à Sorrente. Un voyage "Railtour" tout inclus. Ce fut un chouette voyage, un peu notre "Lune de Miel" avec du retard.

Nous avions bien sûr visité les sites touristiques qui s'imposaient, comme : Pompéi, Sorrente et Paestum ... Malheureusement, nous avons pas eu le temps de visiter Herculaméum, ni Pozzuoli et Capri ... Ce serait pour d'autres vacances ... Nous l'avons finalement jamais fait, comme quoi il ne faut jamais remettre a plus tard ce qu'on peut faire maintenant .

Demain ne peut jamais venir !

Par contre nous sommes montés au sommet du Vésuve ... ce fut très impressionnant comme expérience
 

Il y eût quand-même une ombre au tableau. Mike n'avait toujours pas son "Permis de Travail" et son "Permis de Séjour" n'étaient toujours que provisoire. Un matin, l'agent de Police du quartier, un très brave homme, très serviable, sonna à la porte pour nous délivrer une convocation. Mike devait se présenter au Commissariat de Police de Ganshoren, notre commune. Il fut reçu par Mr. le Commissaire, qui lui présenta un ordre d'expulsion du territoire Belge.

Ce fut comme un coup de tonnerre s'abattant sur la tête de mon Mike. Il en était tout bouleversé. En voyant sa détresse, le Commissaire, qui était un homme très humain, lui dit qu'il mettrait cet "Ordre d'Expulsion", au fond d'un tiroir de son bureau, mais que tôt ou tard, ce papier referait surface.

Mike redoubla d'insistance auprès de sa patronne, pour que la régularisation soit accélérée. Nous avions appris que, si la régularisation traînait tellement, c'était indirectement à cause du Président de Gaulle, qui mettait "systématiquement" son veto à l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE. En fait la demande de régularisation pour Mike, avait été refusée à deux reprises.

Nous étions catastrophés. Qu'allions nous devenir, si Mike se faisait expulser ?  Qu'allaient devenir tous nos beaux projets ?  ... Qu'allait-il devenir de notre couple ?

 Nous étions très, très inquiets ! 
 
(Photo : Mike avec son chien, Vanya)

 
Par chance, heureusement, c'et ordre d'expulsion n'eût aucune suite. Le Gouvernement Travailliste de Harold Wilson tomba, et fut remplacé par un Gouvernement Conservateur, avec comme Premier Ministre, Sir Edward Heath, qui était un excellent ami du "Grand" Charles. Du coup la Grande Bretagne fut admis au sein de la CEE. Donc plus besoin de Permis de travail ni de séjour !
OUF ! ... Nous pouvions de nouveau respirer !
Je ne cache pas que nous avons eu peur, nous avions vu presque arriver le moment, où nous allions être séparés de force par les autorités. Je n'ai aucune honte d'avouer que
nous étions tellement angoissés que nous en avions perdu le sommeil ! ...

Comme quoi, quand on s'aime vraiment, il y à toujours le Bon Dieu qui veille



Nous pouvions à nouveau dormir du sommeil du juste et tout était bien, qui finissait bien. Non seulement je me retrouvai avec un Anglais dans mon lit, mais maintenant celui-ci était également un Européen !!!

Ci-dessous à gauche: Mike au Resto "Le Palma" ...
                                                        A droite: Mike bravant le froid à Saint Etienne  ... 
     
1972 ...
Nous avons été à la Côte d'Azur pour les vacances, à Juan les Pins ... Mike de par son travail avait fait la connaissance d'un collègue libraire, Robert "Bob" Landau ..., fils d'un richissime juif New Yorkais, qui possédait une superbe villa sur la Côte d'Azur au Cap Ferrat. La "Villa Mauresque", qui avait appartenu au célèbre écrivain Anglais, Somerset Maugham.
 
Mike avait mentionné à Bob que nous comptions passer nos vacances sur la côte. Bob nous avait dit qu'à cette période il serait aussi sur la côte, chez ses parents. Il nous avait alors proposé de nous rencontrer a Juan, et d'aller prendre le thé chez lui à Saint Jean - Cap Ferrat.
 
Mike, qui était un grand amateur des oeuvres de Somerset-Maugham, était ravi, et il accepta l’invitation.
 
Bien entendu, Bob nous avait fait visiter la propriété. Quel luxe, quel décor ! Le thé fut servi dans les jardins, au bord de la piscine, sous les pins parasols, par un laquais en "livrée" SVP ! Ni Mike, ni moi n'étions très à l'aise. Nous avions débarqués dans un monde qui n'était pas le notre, bien s'en faut. Nous étions tous les deux issus de milieux modestes, et nous étions fier de nos origines. Nous ne raffolions pas trop de ce qui nous semblaient être des "chichis" à outrance.
Les vacances étaient bien agréables, mais nous étions quand même contents de rentrer chez nous, à Bruxelles ...
"Home, Sweet Home", comme on dit en Anglais.
 
Mon travail à la PanAm me plaisait toujours énormément. J'avais bénéficié de plusieurs augmentations de salaire consécutives, ce qui avait rendu nos vies plus aisées. Je me suis rendu à plusieurs reprises aux USA, afin d'y suivre des cours dans le fameux PanAm building à New York. Ces cours ne dépassaient jamais plus d'une semaine, mais malgré cela, cela me paraissait toujours trop long. Aussi je téléphonais chaque soir à Mike, rien que pour entendre sa voix douce. Inutile de dire que j'étais heureux de rentrer chez nous, pour y retrouver mon chéri.
 
Il était toute ma vie, je ne pouvais pas m'imaginer sans lui !  Et c'était réciproque.

(Photos ci-dessous:  Chez Peter et Russell à Hyde)

Cette année là, nous sommes aussi allés en Angleterre avec la "Triumph", afin de visiter Peter et Russell, qui avaient quittés Londres, pour aller s'établir a Hyde, faubourg de Manchester.
Ils avaient quittés leur appartement de "Mayfair" l'année précédente, et ils avaient acheté une petite maison. Après quelques travaux de modernisation, ils s'y étaient installés.
Ce n'était pas bien grand, mais c'était confortable et il y avait un jardinet. Peter et Russell avaient l'air heureux.
Nous y sommes restes trois jours et  
puis nous sommes descendus sur Salisbury, pour visiter Neville, qui lui aussi avait quitté Londres et la BBC.
Il avait acheté un "cottage" à Lower Bemington, juste en dehors de Salisbury. Il avait quitté la BBC suite aux abus "homophobiques" de ses collègues. En outre il y régnait une atmosphère exécrable, des jalousies de toutes sortes.


Il avait décroché un emploi comme créateur de décors au Théâtre Municipal de Salisbury. A cette époque, Neville avait un faible pour l'Art Nouveau, et cela se reflétait dans les décors qu'il réalisait. L'Art nouveau était revenu très à la mode a cette époque.
Nous avions aussi passé quelques jours chez lui. Il nous fit visiter la ville qui est très belle, avec une superbe cathédrale. Cette cathédrale à souvent été immortalisée dans l'oeuvre du peintre Constable, qui était d'ailleurs originaire de Salisbury.

Photos a gauche et ci-dessous: Mike et sa sœur Peggy et Nadine, au réveillon de Noël chez maman et papa)

 
Les années passèrent et pour nous tout allait toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pour le réveillon de Noël, en 1974, nous, Mike et moi, ainsi que la sœur et le beau-frère de Mike, étions invités chez mes parents, qui habitaient à Zellik à l'époque. Ce fut une soirée mémorable. Mon grand-père était aussi de la partie. Quoiqu'il ne parlait pas un seul mot d'Anglais, il avait l'air de bien s'entendre avec Peggy, la sœur de Mike.
En guise d'apéritif, Nadine avait préparé un "Gin Fizz", qui était bien tassé ... je crois que Nadine avait un peu forcé sur le Gin ... Toujours est-il que nous étions tous passablement éméchés...


Au menu il y avait entre autres une Fondue Bourguignonne. Mike et Frank, le beau-frère, avaient fait le pari, qu'il mangeraient un morceau de viande crue ! Une horreur pour les Anglais, qui préfèrent en général leur viande très cuite. Imaginez le spectacle ! On pouvait s'attendre à tout.

C'est durant cette soirée que maman et papa reçurent leurs sobriquets. Comme maman avait un faible pour de la vodka, elle fut surnommée " Véra Vodka". Papa quant à lui fut surnommé "Johnny Bols", à cause de son goût prononcé pour le genièvre Hollandais: "Bols".
 
  C'est en 1975, que nous avions appris que Peter avait rompu avec Russell et s'en était retourné a Londres pour se mettre en ménage avec Jim. Russell était dévasté et s'était mis a boire plus que de raison. En plus il était tombé amoureux d'un homme marié, qui était bisexuel. Le cœur a des raisons, que la raison ne connaît pas, dit-on.


Par contre Mike et moi nous étions toujours très amoureux. Ce qui à toujours surpris nos amis, qui étaieinstantané_002.jpgnt persuadés qu'avec le temps, lorsque la nouveauté se serait estompée, l'Amour se serait changé en simple amitié. Mais jusqu'à présent cela n'était pas notre cas. Plus le temps passait, plus on apprenait de se connaître et à s'apprécier. Notre Amour alla en grandissant et devenait de plus en plus fort. Je l'avoue aujourd'hui :
 
J'aurais donné ma vie pour Mike, tellement je l'aimais.  Et c'était réciproque ! ... Nous faisions partie l'un de l'autre !
 
Cette année là, pour les vacainstantané_008.jpgnces, nous avions loué un bateau, avec Peggy, Frank et leur fils Garry et nous avions navigué sur les canaux en Angleterre. Nous avions choisi le 'Llangollen Canal" dans le Shropshire, sur la frontière du Pays de Galles. Ce fut une semaine inoubliable et très "physique". Comme il n'y avait pas d'éclusiers, il fallut faire fonctionner les écluses instantané_010.jpgnous même. Je vous assure ce n'est pas de la "petite bière". Il fallait beaucoup "d'huile de bras". Le bateau était confortable, il y avait tout ce qui fallait à bord, même une cabine de douche. Peggy cuisinait à bord pendant que les autres naviguaient et faisaient fonctionner les écluses. On s'était jurés que nous ferions cela encore.
 
J'ai mentionné précédemment, que nous avions un chien, Vanya. C'était une brave bête et Mike l'adorait, mais qui était très gourmande. Un jour, j'avais préparé pour le diner, un "Pain de Viande aux 6 protéines". Après la cuisson j'avais mis la viande a refroidir dans une des armoires de la cuisine. Ensuite Mike et moi sommes partis au Marché aux Puces, place du Jeu de Balle, laissant Vanya seule à la maison. Quand nous sommes revenus, Vanya nous attendait, un petit air "coupable" dans le regard. Nous avons vite découvert son méfait :  attirée par l'odeur de la viande, elle avait trouvé le moyen d'ouvrir la porte de l'armoire et avait dévoré le pain de viande d'un kilo et demi. Adieu, notre diner !!!
 
Mike appréciait ma cuisine, et je venais de découvrir que j'avais un deuxième fan.



Ce ne sont pas les anecdotes qui manquaient avec noGuy + Vania.jpgtre "Vanya" : une nuit, en rentrant du travail j'avais ramené un kilo de massepain artisanal, que j'avais acheté auprès d'une collègue. C'était emballé dans du Papier Aluminium. J'avais déposé le massepain sur la table de la cuisine, et puis je l'avais oublié. J'étais monté me coucher auprès de Mike, afin qu'il me réchauffe. Le lendemain matin en descendant, Mike, qui n'était pas au courant de mon achat de massepain, avait trouvé des petits morceaux de feuille d'aluminium, partout, par terre. Quand je suis descendu a mon tour Mike m'expliqua sa trouvaille. C'est alors que je me suis souvenu du massepain, dont il ne restait bien entendu plus rien : Vanya avait tout avalé. Un kilo ! Je n'ai toujours pas compris comment Vanya la "gourmande", n'avait pas été malade.Mike + Vania Bouillon.jpg
A la fin du printemps 1976 nous avions eu la visite de Russell et un de ses copains : Jeff. Je me souviens que le temps était torride. Il faisait très chaud et sec. Il n'avait plus plu depuis plus d'un mois, et le gazon était desséché, mort. On avait passé de longues soirées au jardin jusqu'au petites heures. Impossible de dormir, tellement il faisait chaud. La journée nous passions plusieurs heures a la Piscine Municipale, le "Néreus" afin d'y trouver un peu de fraîcheur.

Un mois plus tard, Jeff nous apprit que Russell s'était suicidé. Un drame sentimental avec son ami "Bi" ... Pauvre Russell... nous ne l'aurions jamais cru capable d'un tel geste, tellement "définitif" .., lui qui aimait tant rire et blaguer...
 
Peu après le départ de Russell et Jeff nous eûmes la possibilité d'acheter une maison, ce qui était un de nos rêves ... vivre dans nos propres "briques"

Nous avions pris l'habitude d'acheter chaque semaine un "dixième" de billet de loterie à la "Loterie Nationale" ... Un soir, lorsque j'étais de service a l'aéroport, Mike m'avait téléphoné (il était 21h30 par là). Il m'avait demandé :
 
M : "Es-tu assis, Guy ?"
G : "Oui, pourquoi ?"
M : "Je crois que nous avons gagné à la loterie."
G : "En es-tu certain ?"
M : "J'en suis sur, mais je vais quand-même écouter le tirage en différé à la radio.
       je te rappellerai."
 
Puis, Mike avait raccroché. Mes collègues me demandèrent si j'allais bien, car apparemment j'avais changé de couleur, tout rouge, puis blanc comme un linceul, puis de nouveau rouge comme une pivoine ...
 
Un dizaine de minutes plus tard, Mike retéléphona pour me confirmer la nouvelle :
Tous les numéros du billet étaient corrects et dans le bon ordre. Nous avions gagné 1/10e du gros lot de 12.000.000 FB, soit 1.200.000 Francs Belges ... Nous étions devenu "millionnaires" du jour au lendemain.
 
En 1976 c'était là encore une somme considérable, nous étions devenus "riches", enfin assez riches pour pouvoir envisager l'achat de notre "propre" maison ! Posséder notre demeure était un de nos rêves et ce rêve allait pouvoir se réaliser. Il ne nous restait plus qu'à trouver celle qui nous conviendrait. Puis négocier un prêt hypothécaire avec la banque. La chance continuait à nous sourire. Et tout ceci 10 années, presque jour pour jour, après notre rencontre, ce beau jour  de 1966 à Londres. La rencontre avec mon Mike, l'Amour de ma vie.


Mike m'a si souvent répété :  "Je suis sûr, que Celui d'en haut veille sur nous"
J'ai la certitude, aujourd'hui encore, qu'il avait raison, qu'il ne c'était pas trompé ! 


Nous étions immédiatement partis à la recherche de la maison de nos rêves. Ce n'était pas une tâche évidente, il fallait qu'elle soit située dans un quartier calme et vert et qu'il y ait un jardin. En outre il ait un accès facile vers l'aéroport et le Centre ville.


Nous avons trouvé notre maison à Laeken, une "grosse" maison de "rentier". Elle comportait 3 niveaux: un rez de chaussée et deux étages, soit 3 appartements, dont deux étaient occupés. Le Rez était occupé par un famille avec 3 enfants, le premier par un couple de retraités.. le deuxième était libre d'occupation.


Nous avions fait toutes les démarches nécessaires, le compromis de vent fut signé et le prêt hypothécaire nous fut accordé.  Nous étions allé voir le Notaire et l'acte d'achat fut signé, assorti d'une "tontine" pour nous couvrir légalement, au cas où l'un de nous venait à disparaître . Le survivant  serait alors le seul héritier.


La remise des clés se fit en septembre 1977.


Quelque semaines nous apprîmes que Frank, l'époux de la sœur de Mike, s'était tue lors d'un accident. Ils étaient en vacances "safari photo" au Kenya. Cela fut un sacré coup pour Peggy, ainsi que pour nous. Notre "euphorie" de nouveaux propriétaires s'était retombé brusquement.




Voilà, ce que furent les 10 premières années de notre couple, de notre vie commune.
Dix années de bonheur et d'Amour parfaits.


Les vers de Baudelaire semblaient avoir été faits pour nous :






"Là, tout n'est qu'ordre et beauté
Luxe et volupté"








































7/ Sixième Chapitre - Ma vie d'adulte - Période Londonnienne (1966-1968)

Sixième Chapitre
MA VIE D'ADULTE -
LA PÈRIODE LONDONIENNE (1966-1968)
 
 
 
Me voilà, donc, débarquant à "London Heathrow". Après avoir passé les formalités auprès de "Her Majesty's Immigration Services" et de la Douane, j'ai gagné mon nouveau bureau, afin de me présenter auprès du "Chef d'Escale".  Il me souhaita la bienvenue et me présenta à mes nouveaux collègues. La plupart étaient Anglais, à l'exception de lui-même et un autre employé, qui étaient eux des Belges. Je fus très bien accueilli et on me mis de suite à l'aise. Je fus pris en charge par le "Chef de bureau", Peter Beck, qui me fit faire le tour du propriétaire. Après quoi, un collègue, Rick Chaplin, me proposa d'aller prendre un "Nice cup of tea" au "Fortes" tearoom ... tradition oblige.
Après quoi, je me suis rendu au Centre Ville, et je mis mes bagages en Consigne à Victoria Station. Il était encore tôt, à peu près 13 heures 30. J'avais donc tout le temps pour aller manger quelque chose. Puis comme il faisait froid, je m'étais réfugié dans un cinéma. Cela m'aidera en outre à faire passer le temps en attendant d'aller rencontrer mon Chéri à la sortie de son travail. Il était employé chez le "Dillons University Bookshop" et finissait sa journée à 17 heures 30.
 
 
(Photo: Mike avec des collègues de chez "Dillons University Bookshop") 
 
 
Le film n'était pas un "Chef d'Oeuvre" du genre ... Il s'agissait d'un mauvais film de "Science Fiction" : "The fantastic voyage" avec Raquel Welsh et Donald Pleasance. Un histoire tirée par les cheveux, mais qui eut le mérite de me faire passer le temps, bien au chaud.
 
Ce qui m'avait frappé alors, c'est que l'on pouvait fumer dans les cinémas à cette époque, chose qui était interdite en Belgique depuis bien longtemps déjà.
Après le film, il était 15 heures 30, par là, je suis allé prendre un café dans un établissement pas loin de Piccadilly Circus en attendant de prendre le "Underground" (The Tube) vers l'endroit que j'avais convenu avec mon Mike ou on se rencontrerait...
Cette dernière heure à attendre ce moment tant attendu, me parut durer une éternité ... les minutes se trainaient, se trainaient ... Enfin, finalement, l'heure arriva ...
  
 
 
 
Nous avions convenu, que j'attendrais Mike à l'entrée de la Station de Metro, "Goodge Street", vers 17 heures 30. J'étais là quelques minutes avant, le coeur battant très fort. Serait-il là, aurait-il eu froid aux yeux, au dernier moment ? J'avais poussé un profond soupir de soulagement lorsque je l'aperçus ...  Je n'oublierai jamais l'apparition de Mike parmi la foule de cette heure de pointe, se dirigeant vers la station. Il m'avait déjà aperçu de loin, car il arborait son merveilleux sourire ... "Un véritable Rayon de Soleil" dans cette grisaille de ce jour de décembre. Il avait l'air radieux! Quand il m'eût rejoint on est resté un long moment à se regarder dans les yeux, tout en nous serrant les mains. Pas question de se donner le "bisou" en public, cela ne se faisait pas : "We are British you know". Il faut aussi savoir, qu'à cette époque, au pays de "Her Majesty", l'homosexualité était encore punissable par une peine de prison. Heureusement cette loi fut abolie, quelques mois plus tard en 1967, nous évitant le risque de connaître le triste sort qui fut celui de Oscar Wilde.
 
  
Après quoi nous avions pris le "tube" pour South Kensington, plus exactement  pour "Gloucester Road", afin de me trouver un "Bed and Breakfast" pour une nuit ou deux, le temps de trouver un logement permanent pour nous deux. Je ne pouvais pas loger chez Mike à cette occasion, le lit d'appoint n’étant pas disponible: La logeuse de Mike en avait eu besoin. De toutes façons, Mike avait déjà fait ses valises, afin de quitter Gondar Gardens, dès que nous aurions trouvés à nous loger. 
 
On trouva un "B&B", le "Strathcona Court", sur la Cromwell Road, près de "Earl's Court". Lorsque je fus installé, nous nous sommes restaurés dans un "Golden Egg", une chaine de fast food à la mode à cette époque. Nous avions tous les deux commandés un "Mixed Grill" et un "Pot of Tea", car il n'était pas question de commander du vin dans ces établissements là. Pour cela il fallait aller dans un "Posh" (chic) restaurant, ce qui était exclu pour le moment, nos finances ne le permettant pas. Nous avions quand même bien mangé, la nourriture était acceptable.
 
Et puis le fait que j'étais avec mon Chéri, ce "Golden Egg" me parut comme un restaurant très "exclusif".  
 
Ensuite nous sommes allé prendre un verre dans un "Gay Pub" sur Earl's Court road. Aucun rapport avec les "bars" bruxellois. Il s'agissait d'un pub semblable à tous les autres à Londres, mais qui certains soirs, était "Gay friendly", c.à.d. réservé exclusivement à une clientèle masculine. Le genre d'endroit où l'on allait pour boire un verre entre amis, discuter le coup ou jouer aux flèchettes. Le tout "très civilised" : "No sex please, we're British" ! Le sexe n'avait sa place qu'en "privé", étant donné les lois en cours, et la bienséance, bien entendu. Donc la retenue était la norme, ce qui faisait notre affaire, Mike étant la discrétion même. (Chose qui commençait à déteindre sur moi, d'ailleurs) 
 
Bien au chaud, devant un verre, nous avions beaucoup parlé et fait de projets pour notre avenir à deux. Nous avions décidé, que dès le lendemain, nous partirions à la recherche d'un logement qui nous conviendrait, non loin d'une Station de Métro. Pour Mike, direction Goodge Street, pour moi, direction Hounslow et l'Aéroport de Heathrow.
  
 

 
Nous nous sommes finalement quittés vers 23 heures 30, Mike était reparti vers son flat, moi vers mon B&B. Nous étions fort fatigués, cette journée pleine d'émotions et de joies nous avait éreintés. En tous cas j'étais content de retrouver ma chambre et le lit confortable. Et je suis sur que c'était pareil pour mon chéri ! J'aurais bien sûr préféré qu'il soit serré contre moi ... mais ça ce serait pour bientôt!
 
  
Mais il était écrit que ma nuit ne serait pas paisible. Vers 3 heures du matin, on frappa violemment à la porte de ma chambre. J'allais ouvrir, et je me trouvais nez-à-nez avec deux policiers. Ils demandèrent à voir mes papiers et ils voulaient examiner le contenu de la garde-robe.  Il virent mon uniforme de la "SABENA" et il fallut leur expliquer ce que c'était. Après m'avoir posé quelques questions, ils partirent, tout en s'excusant du dérangement et en me souhaitant une bonne nuit. Ce que j'avais trouvé assez "culotté" après m'avoir réveillé ainsi en sursaut.
 

 
Le lendemain, au petit déjeuner, j'avais cherché à savoir ce qui s'était passé, pour que l'on m'avait réveillé ainsi. Apparemment, il y avait eu un meurtre dans une maison un peu plus loin dans la rue, et quelqu'un avait donné l'adresse du B&B ainsi qu'un numéro de chambre: la mienne ! 

Comme début de ma vie londonienne on ne pouvait faire mieux !

  

Peu après avoir déjeuné, Mike était arrivé, et nous nous nous mirent en route immédiatement, à la recherche d'un logement pour nous deux. Mike avait obtenu quelques jours de congé, donc nous avions un peu de temps devant nous.  Il avait acheté un journal spécialisé dans les petites annonces, le "DALTON'S WEEKLY", (un peu comme notre "VLAN") dans lequel nous avions déjà repéré plusieurs adresses, susceptibles de nous convenir.  Nous avions visité plusieurs logements, mais, soit les communications n'étaient pas bonnes, soit les loyers étaient trop élevés pour notre bourse. 
 
 
 
Finalement, en début d'après-midi, nous avions trouvé un flat meublé qui nous convenait parfaitement, au 14, King's Avenue à Ealing. La station de Métro, "Ealing Broadway" était à deux pas et le prix de la location était dans nos cordes., Le flat, au Rez-de-Chaussée, était spacieux et nous avait séduit immédiatement. Il se composait d'une grande chambre (avec une "loggia") meublé de deux lits d'une personne, un dressoir et une armoire "bureau/bibliothèque". Il y avait aussi un canapé "trois places" et un fauteuil assorti et un meuble "Radio/Pick-up". La deuxième pièce, en "L" était assez grande également. C'était la cuisine, équipée d'armoires basses, un évier, une cuisinière électrique et un frigo. L'eau chaude était fournie par un "chauffe-eau" au gaz. L'autre bras du "L" était le coin à dîner, avec une table, quatre chaises, un petit vaisselier et dans un réduit il  y avait une garde-robe. La salle de bains/WC était située entre les deux pièces. Et puis, il y avait un grand jardin, ce qui avait séduit Mike. Je ne savais pas alors qu'il adorait jardiner. La chance nous avait donc souri: Il n'aura fallu qu'une petite journée pour trouver un logement. 
 
Le loyer fut très raisonnable pour Londres. Seulement 10 Guineas (soit £ 10 et 1 shilling) par semaine. Avec nos deux salaires réunis, c'était très faisable. On marqua donc l'accord avec notre nouveau propriétaire, Mr Gumbiner (il se faisait appeler, Mr. Gee). Pour sceller le contrat de location, il nous invita dans un "Coffee Bar" sur la Uxbridge Road, afin de signer les documents de location devant une bonne tasse de (vrai) café et un "Doughnut".
 
 
 
 
 
Une fois ces formalités terminées, nous avions pris possession des clés. Afin de ne pas perdre de temps, nous avions pris un taxi, un de ces célèbres taxis noirs  (Black Cabs), pour aller chercher les affaires de Mike. Puis en passant, mes bagages qui étaient restés à la consigne et ceux qui se trouvaient encore au "B&B". Le soir même, nous étions installés dans notre nouveau "nid".  


Notre vie commune commençait enfin. Nous étions pleins d'espoir pour un avenir heureux ! Nous nous étions promis, "jurés", que nous allions faire le nécessaire pour que notre "aventure" devienne une belle "histoire d'Amour", une réussite. Nous allions tout mettre en oeuvre pour que nous soyons heureux dans notre vie de couple. Nous y sommes arrivés, nous avons réellement été heureux !
 
 
 
Bien entendu, nous n'avions aucune idée quelle serait la durée de notre vie à deux. Tant de choses pouvaient se produire. C'était à nous de construire et consolider cette vie commune. Mais il fallait bien se mettre à l'évidence : Tout débuta sous d'excellents auspices. 
 
Nous eûmes tôt fait de faire la connaissance des autres occupants de la maison..  Le propriétaire n'habitait pas les lieux, mais un des locataires, Mr. Dennis Warren, faisait office d'homme de confiance et qui tenait les choses un peu à l'œil.
  


(Photo:  La maison de "Kings Avenue à Londres (Ealing), notre appartement se trouve au Rez-de-Chaussée (avec la loggia.)






La maison était une ancienne maison unifamiliale, datant de la fin de l'époque "Victorienne" ou du début de l'ère "Edwardienne",  du début du 20e Siècle. Très spacieuse, il y avait un grand Hall dans lequel donnaient toutes les pièces du Rez-de-Chaussée. Notre flat était celui de gauche. Celui de droite était occupé par "Buzz", un étudiant de Nationalité Canadienne qu'il partageait avec Mark, un anglais. Ils avaient à peu de chose près l'âge de Mike. C'est seulement plus tard que nous avions appris qu'ils étaient "Gays" eux aussi.


 
Au premier étage il y avait un jeune couple, John et Leslie, qui étaient sur le point de se marier. De l'autre côté du palier, il y avait, Mr. Mitchell, un enseignant retraité, quelque peu acariâtre. Et tout en haut, le locataire principal, Mr. Warren, qui partageait son flat avec Lynette Silver. Elle travaillait pour la "BOAC" ... une collègue en quelque sorte.
 
 
Voilà a quoi ressemblait la "maisonnée". Tous étaient très sympathiques et on s'entendait à merveille. C'était en quelque sorte une grande famille. Mr. Mitchell, quand à lui, il se tenait plutôt à l'écart.
 
 
 
 
Mr; Gee, le proprio, nous avait donné son accord pour qu'on décore le flat à notre goût. Nous avions, Mike et moi, acheté du papier peint, des nouveaux rideaux et de la peinture... Nous nous sommes mis au travail, après les heures de bureau, et bientôt les lieux furent remis à neuf et à notre goût. Nous avions réarrangé quelque peu la disposition des meubles et nous nous sentions véritablement "Chez nous" dans notre petit "nid".. Nous avions également acheté une armoire à suspendre pour la cuisine (Celle-ci se trouve a présent accroché a fond du garage de Peggy la sœur de Mike qui habite toujours à Chilham.) 
 
  
Cet hiver là, il avait fait particulièrement froid. Pour tout chauffage, il n'y avait qu'un radiateur électrique, dans la cheminée. Un seul des deux éléments fonctionnait encore, l'autre avait rendu l'âme. Quand on se mettait devant, on "grillait" par devant et on se gelait les fesses par derrière. Il fallait trouver une solution. Nous avions donc demandé au propriétaire qu'il nous donne l'autorisation de faire installer un convecteur au gaz. A nos frais bien sûr; Au début il était assez réticent, il avait peur pour les accidents, ou d'un suicide .. une phobie. "People do gas themselves, you know" (Il y à des gens qui se suicident au gaz, vous savez) disait-il. Sur quoi Mike rétorqua, qu'on avait pas nécessairement besoin de gaz pour se suicider. Et puis de toutes façons, il y a le gaz dans la cuisine pour le chauffe-eau. L'argument de Mr. Gee ne tenait donc pas la route. Finalement il éclata de rire : " Je suis vaincu ! Je ne puis argumenter avec cela" admit-il. Et il donna son accord. 
 
 
 
Le lendemain, nous nous sommes rendus au "Showroom" de la "North Thames Gas Board", la compagnie du gaz, pour y choisir notre convecteur. C'était notre tout premier achat conséquent, et ce fût là une acquisition d'excellente qualité. (Je possède d'ailleurs toujours cet appareil et il est toujours en état de fonctionner). Deux jours plus tard, le gazier est venu installer l'appareil. Autant dire que cet hiver-là, nous n'avions plus souffert du froid. Ni les suivants d'ailleurs. Notre premier Noël ensemble, nous l'avions passé, blotti dans les bras de l'un l'autre, devant le nouvel appareil de chauffage, qui diffusait une chaleur douce et agréable, et un lueur rougeoyante. ... Comme  c’était  "Cosy"!  ... Quel bonheur ! Il nous fallait que peu de choses pour être heureux ... Il en à toujours été ainsi notre vie durant.
 
 
Nous étions heureux, tous les deux !  Notre premier rêve s'était enfin réalisé: Celui d'être ensemble, de partager nos vies, de vivre ensemble ! ...  C'est alors que je me suis réalisé, que l'être humain n'est pas fait pour vivre seul. Qu'il soit "homo" ou "hétéro" !  
 
 
Côté travail, tout allait pour le mieux . Le boulot me plaisait, les collègues étaient sympas. J'avais tout de suite été accepté parmi eux. Côté vie de couple, Mike était plus "aimant" que jamais, nous étions inséparables, c'était tout simplement merveilleux.
 
 
Mais, oui il y avait un "mais", j'avais un manque. Ce manque qui frappe beaucoup de belges expatriés: Celui d'une bonne "Jatte de Café". A Londres à cette époque on ne connaissait que le café soluble, le "Nescafé", ou similaire. Au plus profond de la jungle Birmane, où sur une banquise de l'antarctique, j'aurais peut-être apprécié une tasse café soluble, mais là je trouvais cela imbuvable. La "Cup of Tea", c'était OK, mais je désirais quand-même autre chose de temps à autre. Aussi, lors de la première visite que je fis à maman et papa à Bruxelles, j'avais fait l'acquisition d'une cafetière (que je possède toujours .. je vais finir par faire croire que je suis un tant soit peu conservateur), et du café moulu de chez "Del Rio" et des filtres "Mélitta" en papier. Lorsque je fis la première cafetière de café, chez nous, à Ealing, cela fit sensation parmi le habitants de la maison. Surtout Lynette: A chaque fois que j'en faisais, elle descendait, attirée par l'arôme du café fraîchement passé et dont le parfum se répandait dans toute la maison. Bien sûr, je ne lui refusait pas une "Jatte" ! "Noblesse oblige" !
 
 
 
  
Mon travail à l'Aéroport, voulait que je devais travailler en heures décalées. Quand je faisais le "Soir" (de 18 heures à 4 heures du matin) cela posait d'insolubles problèmes de transport. Il fallait que prenne un taxi pour rentrer chez nous à cette heure, ce qui allait devenir rapidement ruineux.  Par chance, un de mes collègues, Rick Chaplin, possédait un scooter "Lambretta", qu'il me proposa de me vendre à un bon prix. L'engin était en excellent état et je l'achetai donc. Je l'avais repeint dans les couleurs de la "SABENA" gris clair et bleu. En outre j'avais collé l'emblème de la compagnie, sur le "protège genoux". (Publicité gratuite)...  Voilà, mon problème de transport résolu !
 
 
 

 
Comme nous étions toujours en hiver, quand je rentrais aux petites heures, j'étais glacé jusqu'au os. Je pris alors un "malin" plaisir à me glisser sous les draps, et de me blottir tout contre mon Mike. Qu'est-ce qu'il à dû me maudire ces moments-là; mais non, il m'embrassait tendrement en disant  "Poor Love, you're frozen to the bones"  (mon pauvre amour, tu es gelé jusqu'au os), et il m'entourait de ses bras en me serrant tout contre lui, pour me réchauffer. ...Comme  c'était bon !  Jamais, au grand jamais, il n'a fait la moindre remarque.
 

Il était comme ça, mon Mike !!! 

 
 
 
Bon revenons un peu en arrière. L'année 1966 toucha à sa fin, et 1967 s'annonçait sous d'excellents auspices. Le travail me plaisait donc, sauf peut-être ces satanés horaires irréguliers, qui m'empêchaient d'être avec Mike autant que je le désirais. Mike, lui, avait des horaires stables. Ainsi lorsqu'il partit au travail le matin, moi je dormais. Et quand il rentrait le soir, j'étais parti, ou sur le point de partir. Heureusement que ces horaires se faisaient en "tournante" avec les collègues. Donc cela n'arrivait en général qu'une semaine sur quatre. C'était pareil pour les week-ends.
Côté amours, tout était parfait, on ne pouvait pas se passer l'un de l'autre. Mike était tout "câlins et douceur", ce qui n'était pas fait pour me déplaire, bien au contraire. Je ne m'en suis jamais lassé. C'était exactement dont j'avais toujours rêvé, comme j'avais imaginé la vie de couple. Nous étions parfaits ensemble. On dit souvent que l'amour grandit avec le temps et cela avait certainement été vrai dans notre cas.
 
 
 
 
(Photo: Votre serviteur dans notre jardin)
 
 
 
 
 
Entre-temps le printemps était arrivé et nous commencions à penser au jardin. Mike débuta avec les plates bandes, tandis que moi, j'entrepris de tailler un rosier sarmenteux, qui rendait le passage difficile et hasardeux. Le fond du jardin était une véritable "jungle". Je taillai donc ce rosier sévèrement, et le bois mis en tas. Puis c'était le tour au gazon, qui n'en avait plus que le nom. Je bêchais toute la parcelle, je l'égalisai et je le réensemençai. Une petite anecdote amusante: Pendant tout le temps que prit le bêchage, j'avais la compagnie d'un "Rouge-gorge", qui examinait la terre retournée en quête d'un insecte ou l'autre à se mettre sous la "dent" (ou devrais-je dire le "bec").
 
Il ne fallut pas longtemps pour que l'herbe levât. Pour l'été le gazon était à nouveau praticable et on pouvait passer la tondeuse sans risquer de l’abîmer. 
 
Nous avons même essayé de faire pousser des légumes, mais ce fut un fiasco. La seule chose qui voulut bien pousser fut du cerfeuil. Cette plante de la famille des Opiacées (ombellifères) était inconnue en Angleterre (tout comme les chicons d'ailleurs). J'avais ramené un paquet se semences de Belgique, et il avait tôt fait de germer. Imaginez un peu la tête de Mike, lorsqu'il goûta pour la première fois un potage au cerfeuil. Il en fut vite "Fan": Il adorait ça. Tout comme les chicons au gratin d'ailleurs. Parfois il était possible d'en trouver dans les magasins spécialisés en légumes "exotiques". 
 

 
A chaque fois que l'occasion se présentait, Mike m'emmenait visiter Londres et les environs. Un de ses endroits préférés était  "Hampstead Heath", ce gigantesque espace vert de 320 hectares surplombant le nord de Londres. Avec ces concerts de Musique Classique en plein air. L'orchestre était installe d'un côté du lac, sous une énorme coquille en béton (bowl). Le public était assis à même l'herbe, de l'autre côté de l'eau. L'acoustique était fabuleuse. C'était un endroit magnifique où il faisait bon se promener sous les frondaisons des arbres centenaires.
 
Neville Dewis, chez lui dans son jardin  
 
Nous avions un ami, Neville Dewis, une espèce d'artiste quelque peu "excentrique". Il était créateur de décors de théâtre pour le compte de la "BBC tv". Un garçon charmant, qui avait un sens de l'humour absolument délicieux. Il est mort en 2010, quelques semaines après mon chéri.
 
 
 
 Peter & Russell
 
 
 
Il y avait aussi un couple gay, Peter Glynn et Russell Cooper. Eux aussi étaient super sympas. Ils habitaient un superbe appartement dans "Mayfair", un quartier très chic de Londres. Ils collectionnaient des antiquités, surtout de l'argenterie et du cristal. Il y avait aussi quelque tableaux anciens. Ils possédaient en outre une superbe "Jaguar".
 
Peter était alors employé chez "Selfridges" un Grand Magasin haut de gamme du type "Harrods", dans Oxford street..Russell, lui, était chimiste travaillant dans l'industrie alimentaire, chez "Walls" (en Belgique cette firme s'appelait "Ola")
 
Ils n'ont pas eu beaucoup de chance: Leur appartement avait été cambriolé à plusieurs reprises.  Je suis toujours en rapport  avec Peter, qui lui est retourné en Irlande (la République). ... Russell quant à lui, est mort quelques années plus tard. (suicide)
 
 
(Photos ci-dessous:  Photos de Mike, écharpe flottant au vent, à Canterbury, Noël 1967, où nous avions été invités à passer les fêtes chez sa sœur... Le pardessus et l'écharpe aussi, je l'ai toujours gardée ... J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux)
 
 
 
 
 
 
L'été se passa gentiment, sans évènements notables. Nous nous aimions et nous étions heureux. C'est ce qui comptait en définitive. Nous étions toujours éperdument amoureux de l'un, l'autre. Cet état de choses à perduré durant toute notre vie ensemble.
 
En novembre, pour le "Guy Fawkes Day", avec l'aide de nos voisins qui occupaient le flat de l'autre côté du "Hall d'entrée",  nous avions organisé une "Guy Fawkes party" ... il y avait un monde fou et c'est alors que nous avions découvert que "Buzz" et Mark, étaient "Gays" eux aussi. ...  Tout le monde s'est bien amusé et on à beaucoup ri. (Voyez le Chapitre : ANECDOTES) ...
 
 
 
 
Guy Fawkes day est une tradition en Angleterre. Ce jour là, l'on commémore le fait que le 5 novembre 1605, un complot pour faire sauter le "Parlement" avait été déjoué. Ce jour tout le monde font des "feux de joie" on tire des "feux d'artifice" et l'on boit et l'on danse à cœur joie.
Nous aussi, et on avait organise un "feu de joie" au fond du jardin. Ce fut une belle partie de plaisir. Tous s'étaient bien amusé;  mais le lendemain ... quel boulot pour tout nettoyer et tout remettre en ordre.  Mais nous en avions gardés un excellent souvenir. 
 
  
 
Pour les fêtes de fin d'année 1967, nous avions été invités à les passer chez la sœur de Mike. J'allais faire la connaissance de Peggy et de son mari, Frank. Ils avaient un fils unique, Garry et un chien, "Prince", un Berger Alsacien.
 
 
Photos ci-dessous : Quelque vues de Chilham dans le Kent. Le village où habite toujours la soeur de Mike.

 
 
 
 
 
Nous avions pris le train, et nous débarquâmes chez eux, à Chilham, un joli village pas loin de Canterbury. Je fus accueilli comme quelqu'un de la famille. Nous avons passé un Noël traditionnel à l'Anglaise: Agréable et convivial ...  Pour le dîner il y avait la dinde traditionnelle, agrémenté de choux de Bruxelles, de carottes, de panais et de pommes de terre rôties ... Bien sûr il y avait la sauce aux airelles ... Et pour terminer le fameux "Christmas Pudding" (Plum Pudding). Ce fut là mon premier Noël en famille. (Le précédent (1966) avait été passé calmement à Ealing, rien que nous deux, en amoureux)
 
 
L'école Primaire à Chilham, ou Mike allait quand il était enfant.
 
 
Le lendemain, "Boxing Day", nous nous sommes rendus chez le maman et le papa de Mike, à Wrotham où ils étaient ouvriers agricoles et qui habitaient la ferme.
 
 La aussi je fus accueilli chaleureusement, comme un membre de la famille. La maman de Mike avait préparé un repas chaud pour nous. (J'ai oublié de dire que Mon Mike était issu d'une famille très modeste. Il était le plus jeune de 6 frères et sœurs). 
 
 
Le jour de l'an, il avait beaucoup neigé. Je n'avais jamais vu tant de neige en ville !  Notre rue était impraticable, il y avait une couche de plus de 40 cm.  Heureusement j'étais encore en congé de fêtes.  Le scooter n'aurait jamais pu passer par là, d'ailleurs elle était presque devenue invisible sous la couche de neige !  Le surlendemain les routes étaient dégagées, et j'ai pu rejoindre l'Aéroport sans trop d'encombre.
 
 
 
Quelques semaines plus tard, en revenant de l'aéroport, j'eus un accident. Je roulais à du 60  à l'heure, lorsque le pneu de la roue avant éclata.  Comme les roues d'un scooter sont plutôt petites, je ne pouvais éviter de perdre l'équilibre, et j'étais tombé sur la chaussée, coincé sous la "Lambretta" ... Comme nous étions en pleine heure de pointe, la circulation était très dense. Les voitures passaient à toute vitesse de part et d'autre de moi. Je crus ma dernière heure venue.  J'étais persuadé qu'une voiture allait me passer dessus ! Fort heureusement, un automobiliste s'est arrête pour venir à mon secours. Il m'avait relevé et installé dans sa voiture. Puis il est allé garer le scooter sur l'accotement de la route, la "Great Western Road". Ensuite il m'a conduit à l'hôpital "Guys" aux urgences ... Mon genou saignait beaucoup et me faisait très mal. Mon pantalon s'était déchiré au niveau du genou. On me soigna et on m'administra un injection contre le Tétanos. J'eus des difficultés pour marcher durant plusieurs semaines. Encore aujourd'hui, j'ai par moment des douleurs dans ce genou.
 
 
 
Inutile de préciser que Mike, m'avait interdit d'encore enfourcher ce "maudit" scooter.  L'engin est resté là, ou le brave automobiliste l'avait garé, au bord de la route !  Je n'ai aucune idée de ce qu'il est advenu de l'engin !
 
  
C'est aussi à cette époque, que Mike et moi, après de mûres réflexions, avions décidé de quitter Londres pour venir vivre à Bruxelles.  La vie à Londres était vraiment trop chère, nous n'arrivions pas à faire des économies. A Bruxelles, la vie était nettement moins chère et on y gagnerait mieux notre vie.  Je fis donc ma demande de réaffectation pour Bruxelles auprès de la Sabena.  Cela me fut refusé !  Je donnai donc ma démission et je cherchai du travail ailleurs, à Bruxelles.  J'en trouvai assez rapidement auprès de la  "Pan American World Airways", comme agent de comptoir. Je devais prendre mon poste en juin.  Mike n'avait pas encore trouvé d'emploi, mais ce ne serait qu'une question de semaines, pensait-on.  Donc, en attendant, il continuerait de travailler chez "Dillons" à Londres.
 
 
 
Entretemps, nos voisins du premier étage, John et Leslie, s'étaient mariés et habitaient un grand appartement à Kensington, Sloane Square. Ils avaient offert leur chambre d'amis à Mike en attendant son départ pour Bruxelles, ce qui était "chouette" de leur part. Sachant mon Mike "casé", je partis donc, rassuré, pour Bruxelles, mais j'avais quand-même le cœur gros, très gros ! C'était la première fois, depuis que nous vivions ensemble, que Mike et moi devions nous séparer pour une aussi longue période.  Aussi le départ ne se fit pas sans verser quelques larmes. On s'était promis de se téléphoner, chaque soir !
 
 

PLUS D'UN MOIS SANS MON MIKE, C'ETAIT LONG, BEAUCOUP TROP LONG !!!