lundi 21 mars 2016

7/ Sixième Chapitre - Ma vie d'adulte - Période Londonnienne (1966-1968)

Sixième Chapitre
MA VIE D'ADULTE -
LA PÈRIODE LONDONIENNE (1966-1968)
 
 
 
Me voilà, donc, débarquant à "London Heathrow". Après avoir passé les formalités auprès de "Her Majesty's Immigration Services" et de la Douane, j'ai gagné mon nouveau bureau, afin de me présenter auprès du "Chef d'Escale".  Il me souhaita la bienvenue et me présenta à mes nouveaux collègues. La plupart étaient Anglais, à l'exception de lui-même et un autre employé, qui étaient eux des Belges. Je fus très bien accueilli et on me mis de suite à l'aise. Je fus pris en charge par le "Chef de bureau", Peter Beck, qui me fit faire le tour du propriétaire. Après quoi, un collègue, Rick Chaplin, me proposa d'aller prendre un "Nice cup of tea" au "Fortes" tearoom ... tradition oblige.
Après quoi, je me suis rendu au Centre Ville, et je mis mes bagages en Consigne à Victoria Station. Il était encore tôt, à peu près 13 heures 30. J'avais donc tout le temps pour aller manger quelque chose. Puis comme il faisait froid, je m'étais réfugié dans un cinéma. Cela m'aidera en outre à faire passer le temps en attendant d'aller rencontrer mon Chéri à la sortie de son travail. Il était employé chez le "Dillons University Bookshop" et finissait sa journée à 17 heures 30.
 
 
(Photo: Mike avec des collègues de chez "Dillons University Bookshop") 
 
 
Le film n'était pas un "Chef d'Oeuvre" du genre ... Il s'agissait d'un mauvais film de "Science Fiction" : "The fantastic voyage" avec Raquel Welsh et Donald Pleasance. Un histoire tirée par les cheveux, mais qui eut le mérite de me faire passer le temps, bien au chaud.
 
Ce qui m'avait frappé alors, c'est que l'on pouvait fumer dans les cinémas à cette époque, chose qui était interdite en Belgique depuis bien longtemps déjà.
Après le film, il était 15 heures 30, par là, je suis allé prendre un café dans un établissement pas loin de Piccadilly Circus en attendant de prendre le "Underground" (The Tube) vers l'endroit que j'avais convenu avec mon Mike ou on se rencontrerait...
Cette dernière heure à attendre ce moment tant attendu, me parut durer une éternité ... les minutes se trainaient, se trainaient ... Enfin, finalement, l'heure arriva ...
  
 
 
 
Nous avions convenu, que j'attendrais Mike à l'entrée de la Station de Metro, "Goodge Street", vers 17 heures 30. J'étais là quelques minutes avant, le coeur battant très fort. Serait-il là, aurait-il eu froid aux yeux, au dernier moment ? J'avais poussé un profond soupir de soulagement lorsque je l'aperçus ...  Je n'oublierai jamais l'apparition de Mike parmi la foule de cette heure de pointe, se dirigeant vers la station. Il m'avait déjà aperçu de loin, car il arborait son merveilleux sourire ... "Un véritable Rayon de Soleil" dans cette grisaille de ce jour de décembre. Il avait l'air radieux! Quand il m'eût rejoint on est resté un long moment à se regarder dans les yeux, tout en nous serrant les mains. Pas question de se donner le "bisou" en public, cela ne se faisait pas : "We are British you know". Il faut aussi savoir, qu'à cette époque, au pays de "Her Majesty", l'homosexualité était encore punissable par une peine de prison. Heureusement cette loi fut abolie, quelques mois plus tard en 1967, nous évitant le risque de connaître le triste sort qui fut celui de Oscar Wilde.
 
  
Après quoi nous avions pris le "tube" pour South Kensington, plus exactement  pour "Gloucester Road", afin de me trouver un "Bed and Breakfast" pour une nuit ou deux, le temps de trouver un logement permanent pour nous deux. Je ne pouvais pas loger chez Mike à cette occasion, le lit d'appoint n’étant pas disponible: La logeuse de Mike en avait eu besoin. De toutes façons, Mike avait déjà fait ses valises, afin de quitter Gondar Gardens, dès que nous aurions trouvés à nous loger. 
 
On trouva un "B&B", le "Strathcona Court", sur la Cromwell Road, près de "Earl's Court". Lorsque je fus installé, nous nous sommes restaurés dans un "Golden Egg", une chaine de fast food à la mode à cette époque. Nous avions tous les deux commandés un "Mixed Grill" et un "Pot of Tea", car il n'était pas question de commander du vin dans ces établissements là. Pour cela il fallait aller dans un "Posh" (chic) restaurant, ce qui était exclu pour le moment, nos finances ne le permettant pas. Nous avions quand même bien mangé, la nourriture était acceptable.
 
Et puis le fait que j'étais avec mon Chéri, ce "Golden Egg" me parut comme un restaurant très "exclusif".  
 
Ensuite nous sommes allé prendre un verre dans un "Gay Pub" sur Earl's Court road. Aucun rapport avec les "bars" bruxellois. Il s'agissait d'un pub semblable à tous les autres à Londres, mais qui certains soirs, était "Gay friendly", c.à.d. réservé exclusivement à une clientèle masculine. Le genre d'endroit où l'on allait pour boire un verre entre amis, discuter le coup ou jouer aux flèchettes. Le tout "très civilised" : "No sex please, we're British" ! Le sexe n'avait sa place qu'en "privé", étant donné les lois en cours, et la bienséance, bien entendu. Donc la retenue était la norme, ce qui faisait notre affaire, Mike étant la discrétion même. (Chose qui commençait à déteindre sur moi, d'ailleurs) 
 
Bien au chaud, devant un verre, nous avions beaucoup parlé et fait de projets pour notre avenir à deux. Nous avions décidé, que dès le lendemain, nous partirions à la recherche d'un logement qui nous conviendrait, non loin d'une Station de Métro. Pour Mike, direction Goodge Street, pour moi, direction Hounslow et l'Aéroport de Heathrow.
  
 

 
Nous nous sommes finalement quittés vers 23 heures 30, Mike était reparti vers son flat, moi vers mon B&B. Nous étions fort fatigués, cette journée pleine d'émotions et de joies nous avait éreintés. En tous cas j'étais content de retrouver ma chambre et le lit confortable. Et je suis sur que c'était pareil pour mon chéri ! J'aurais bien sûr préféré qu'il soit serré contre moi ... mais ça ce serait pour bientôt!
 
  
Mais il était écrit que ma nuit ne serait pas paisible. Vers 3 heures du matin, on frappa violemment à la porte de ma chambre. J'allais ouvrir, et je me trouvais nez-à-nez avec deux policiers. Ils demandèrent à voir mes papiers et ils voulaient examiner le contenu de la garde-robe.  Il virent mon uniforme de la "SABENA" et il fallut leur expliquer ce que c'était. Après m'avoir posé quelques questions, ils partirent, tout en s'excusant du dérangement et en me souhaitant une bonne nuit. Ce que j'avais trouvé assez "culotté" après m'avoir réveillé ainsi en sursaut.
 

 
Le lendemain, au petit déjeuner, j'avais cherché à savoir ce qui s'était passé, pour que l'on m'avait réveillé ainsi. Apparemment, il y avait eu un meurtre dans une maison un peu plus loin dans la rue, et quelqu'un avait donné l'adresse du B&B ainsi qu'un numéro de chambre: la mienne ! 

Comme début de ma vie londonienne on ne pouvait faire mieux !

  

Peu après avoir déjeuné, Mike était arrivé, et nous nous nous mirent en route immédiatement, à la recherche d'un logement pour nous deux. Mike avait obtenu quelques jours de congé, donc nous avions un peu de temps devant nous.  Il avait acheté un journal spécialisé dans les petites annonces, le "DALTON'S WEEKLY", (un peu comme notre "VLAN") dans lequel nous avions déjà repéré plusieurs adresses, susceptibles de nous convenir.  Nous avions visité plusieurs logements, mais, soit les communications n'étaient pas bonnes, soit les loyers étaient trop élevés pour notre bourse. 
 
 
 
Finalement, en début d'après-midi, nous avions trouvé un flat meublé qui nous convenait parfaitement, au 14, King's Avenue à Ealing. La station de Métro, "Ealing Broadway" était à deux pas et le prix de la location était dans nos cordes., Le flat, au Rez-de-Chaussée, était spacieux et nous avait séduit immédiatement. Il se composait d'une grande chambre (avec une "loggia") meublé de deux lits d'une personne, un dressoir et une armoire "bureau/bibliothèque". Il y avait aussi un canapé "trois places" et un fauteuil assorti et un meuble "Radio/Pick-up". La deuxième pièce, en "L" était assez grande également. C'était la cuisine, équipée d'armoires basses, un évier, une cuisinière électrique et un frigo. L'eau chaude était fournie par un "chauffe-eau" au gaz. L'autre bras du "L" était le coin à dîner, avec une table, quatre chaises, un petit vaisselier et dans un réduit il  y avait une garde-robe. La salle de bains/WC était située entre les deux pièces. Et puis, il y avait un grand jardin, ce qui avait séduit Mike. Je ne savais pas alors qu'il adorait jardiner. La chance nous avait donc souri: Il n'aura fallu qu'une petite journée pour trouver un logement. 
 
Le loyer fut très raisonnable pour Londres. Seulement 10 Guineas (soit £ 10 et 1 shilling) par semaine. Avec nos deux salaires réunis, c'était très faisable. On marqua donc l'accord avec notre nouveau propriétaire, Mr Gumbiner (il se faisait appeler, Mr. Gee). Pour sceller le contrat de location, il nous invita dans un "Coffee Bar" sur la Uxbridge Road, afin de signer les documents de location devant une bonne tasse de (vrai) café et un "Doughnut".
 
 
 
 
 
Une fois ces formalités terminées, nous avions pris possession des clés. Afin de ne pas perdre de temps, nous avions pris un taxi, un de ces célèbres taxis noirs  (Black Cabs), pour aller chercher les affaires de Mike. Puis en passant, mes bagages qui étaient restés à la consigne et ceux qui se trouvaient encore au "B&B". Le soir même, nous étions installés dans notre nouveau "nid".  


Notre vie commune commençait enfin. Nous étions pleins d'espoir pour un avenir heureux ! Nous nous étions promis, "jurés", que nous allions faire le nécessaire pour que notre "aventure" devienne une belle "histoire d'Amour", une réussite. Nous allions tout mettre en oeuvre pour que nous soyons heureux dans notre vie de couple. Nous y sommes arrivés, nous avons réellement été heureux !
 
 
 
Bien entendu, nous n'avions aucune idée quelle serait la durée de notre vie à deux. Tant de choses pouvaient se produire. C'était à nous de construire et consolider cette vie commune. Mais il fallait bien se mettre à l'évidence : Tout débuta sous d'excellents auspices. 
 
Nous eûmes tôt fait de faire la connaissance des autres occupants de la maison..  Le propriétaire n'habitait pas les lieux, mais un des locataires, Mr. Dennis Warren, faisait office d'homme de confiance et qui tenait les choses un peu à l'œil.
  


(Photo:  La maison de "Kings Avenue à Londres (Ealing), notre appartement se trouve au Rez-de-Chaussée (avec la loggia.)






La maison était une ancienne maison unifamiliale, datant de la fin de l'époque "Victorienne" ou du début de l'ère "Edwardienne",  du début du 20e Siècle. Très spacieuse, il y avait un grand Hall dans lequel donnaient toutes les pièces du Rez-de-Chaussée. Notre flat était celui de gauche. Celui de droite était occupé par "Buzz", un étudiant de Nationalité Canadienne qu'il partageait avec Mark, un anglais. Ils avaient à peu de chose près l'âge de Mike. C'est seulement plus tard que nous avions appris qu'ils étaient "Gays" eux aussi.


 
Au premier étage il y avait un jeune couple, John et Leslie, qui étaient sur le point de se marier. De l'autre côté du palier, il y avait, Mr. Mitchell, un enseignant retraité, quelque peu acariâtre. Et tout en haut, le locataire principal, Mr. Warren, qui partageait son flat avec Lynette Silver. Elle travaillait pour la "BOAC" ... une collègue en quelque sorte.
 
 
Voilà a quoi ressemblait la "maisonnée". Tous étaient très sympathiques et on s'entendait à merveille. C'était en quelque sorte une grande famille. Mr. Mitchell, quand à lui, il se tenait plutôt à l'écart.
 
 
 
 
Mr; Gee, le proprio, nous avait donné son accord pour qu'on décore le flat à notre goût. Nous avions, Mike et moi, acheté du papier peint, des nouveaux rideaux et de la peinture... Nous nous sommes mis au travail, après les heures de bureau, et bientôt les lieux furent remis à neuf et à notre goût. Nous avions réarrangé quelque peu la disposition des meubles et nous nous sentions véritablement "Chez nous" dans notre petit "nid".. Nous avions également acheté une armoire à suspendre pour la cuisine (Celle-ci se trouve a présent accroché a fond du garage de Peggy la sœur de Mike qui habite toujours à Chilham.) 
 
  
Cet hiver là, il avait fait particulièrement froid. Pour tout chauffage, il n'y avait qu'un radiateur électrique, dans la cheminée. Un seul des deux éléments fonctionnait encore, l'autre avait rendu l'âme. Quand on se mettait devant, on "grillait" par devant et on se gelait les fesses par derrière. Il fallait trouver une solution. Nous avions donc demandé au propriétaire qu'il nous donne l'autorisation de faire installer un convecteur au gaz. A nos frais bien sûr; Au début il était assez réticent, il avait peur pour les accidents, ou d'un suicide .. une phobie. "People do gas themselves, you know" (Il y à des gens qui se suicident au gaz, vous savez) disait-il. Sur quoi Mike rétorqua, qu'on avait pas nécessairement besoin de gaz pour se suicider. Et puis de toutes façons, il y a le gaz dans la cuisine pour le chauffe-eau. L'argument de Mr. Gee ne tenait donc pas la route. Finalement il éclata de rire : " Je suis vaincu ! Je ne puis argumenter avec cela" admit-il. Et il donna son accord. 
 
 
 
Le lendemain, nous nous sommes rendus au "Showroom" de la "North Thames Gas Board", la compagnie du gaz, pour y choisir notre convecteur. C'était notre tout premier achat conséquent, et ce fût là une acquisition d'excellente qualité. (Je possède d'ailleurs toujours cet appareil et il est toujours en état de fonctionner). Deux jours plus tard, le gazier est venu installer l'appareil. Autant dire que cet hiver-là, nous n'avions plus souffert du froid. Ni les suivants d'ailleurs. Notre premier Noël ensemble, nous l'avions passé, blotti dans les bras de l'un l'autre, devant le nouvel appareil de chauffage, qui diffusait une chaleur douce et agréable, et un lueur rougeoyante. ... Comme  c’était  "Cosy"!  ... Quel bonheur ! Il nous fallait que peu de choses pour être heureux ... Il en à toujours été ainsi notre vie durant.
 
 
Nous étions heureux, tous les deux !  Notre premier rêve s'était enfin réalisé: Celui d'être ensemble, de partager nos vies, de vivre ensemble ! ...  C'est alors que je me suis réalisé, que l'être humain n'est pas fait pour vivre seul. Qu'il soit "homo" ou "hétéro" !  
 
 
Côté travail, tout allait pour le mieux . Le boulot me plaisait, les collègues étaient sympas. J'avais tout de suite été accepté parmi eux. Côté vie de couple, Mike était plus "aimant" que jamais, nous étions inséparables, c'était tout simplement merveilleux.
 
 
Mais, oui il y avait un "mais", j'avais un manque. Ce manque qui frappe beaucoup de belges expatriés: Celui d'une bonne "Jatte de Café". A Londres à cette époque on ne connaissait que le café soluble, le "Nescafé", ou similaire. Au plus profond de la jungle Birmane, où sur une banquise de l'antarctique, j'aurais peut-être apprécié une tasse café soluble, mais là je trouvais cela imbuvable. La "Cup of Tea", c'était OK, mais je désirais quand-même autre chose de temps à autre. Aussi, lors de la première visite que je fis à maman et papa à Bruxelles, j'avais fait l'acquisition d'une cafetière (que je possède toujours .. je vais finir par faire croire que je suis un tant soit peu conservateur), et du café moulu de chez "Del Rio" et des filtres "Mélitta" en papier. Lorsque je fis la première cafetière de café, chez nous, à Ealing, cela fit sensation parmi le habitants de la maison. Surtout Lynette: A chaque fois que j'en faisais, elle descendait, attirée par l'arôme du café fraîchement passé et dont le parfum se répandait dans toute la maison. Bien sûr, je ne lui refusait pas une "Jatte" ! "Noblesse oblige" !
 
 
 
  
Mon travail à l'Aéroport, voulait que je devais travailler en heures décalées. Quand je faisais le "Soir" (de 18 heures à 4 heures du matin) cela posait d'insolubles problèmes de transport. Il fallait que prenne un taxi pour rentrer chez nous à cette heure, ce qui allait devenir rapidement ruineux.  Par chance, un de mes collègues, Rick Chaplin, possédait un scooter "Lambretta", qu'il me proposa de me vendre à un bon prix. L'engin était en excellent état et je l'achetai donc. Je l'avais repeint dans les couleurs de la "SABENA" gris clair et bleu. En outre j'avais collé l'emblème de la compagnie, sur le "protège genoux". (Publicité gratuite)...  Voilà, mon problème de transport résolu !
 
 
 

 
Comme nous étions toujours en hiver, quand je rentrais aux petites heures, j'étais glacé jusqu'au os. Je pris alors un "malin" plaisir à me glisser sous les draps, et de me blottir tout contre mon Mike. Qu'est-ce qu'il à dû me maudire ces moments-là; mais non, il m'embrassait tendrement en disant  "Poor Love, you're frozen to the bones"  (mon pauvre amour, tu es gelé jusqu'au os), et il m'entourait de ses bras en me serrant tout contre lui, pour me réchauffer. ...Comme  c'était bon !  Jamais, au grand jamais, il n'a fait la moindre remarque.
 

Il était comme ça, mon Mike !!! 

 
 
 
Bon revenons un peu en arrière. L'année 1966 toucha à sa fin, et 1967 s'annonçait sous d'excellents auspices. Le travail me plaisait donc, sauf peut-être ces satanés horaires irréguliers, qui m'empêchaient d'être avec Mike autant que je le désirais. Mike, lui, avait des horaires stables. Ainsi lorsqu'il partit au travail le matin, moi je dormais. Et quand il rentrait le soir, j'étais parti, ou sur le point de partir. Heureusement que ces horaires se faisaient en "tournante" avec les collègues. Donc cela n'arrivait en général qu'une semaine sur quatre. C'était pareil pour les week-ends.
Côté amours, tout était parfait, on ne pouvait pas se passer l'un de l'autre. Mike était tout "câlins et douceur", ce qui n'était pas fait pour me déplaire, bien au contraire. Je ne m'en suis jamais lassé. C'était exactement dont j'avais toujours rêvé, comme j'avais imaginé la vie de couple. Nous étions parfaits ensemble. On dit souvent que l'amour grandit avec le temps et cela avait certainement été vrai dans notre cas.
 
 
 
 
(Photo: Votre serviteur dans notre jardin)
 
 
 
 
 
Entre-temps le printemps était arrivé et nous commencions à penser au jardin. Mike débuta avec les plates bandes, tandis que moi, j'entrepris de tailler un rosier sarmenteux, qui rendait le passage difficile et hasardeux. Le fond du jardin était une véritable "jungle". Je taillai donc ce rosier sévèrement, et le bois mis en tas. Puis c'était le tour au gazon, qui n'en avait plus que le nom. Je bêchais toute la parcelle, je l'égalisai et je le réensemençai. Une petite anecdote amusante: Pendant tout le temps que prit le bêchage, j'avais la compagnie d'un "Rouge-gorge", qui examinait la terre retournée en quête d'un insecte ou l'autre à se mettre sous la "dent" (ou devrais-je dire le "bec").
 
Il ne fallut pas longtemps pour que l'herbe levât. Pour l'été le gazon était à nouveau praticable et on pouvait passer la tondeuse sans risquer de l’abîmer. 
 
Nous avons même essayé de faire pousser des légumes, mais ce fut un fiasco. La seule chose qui voulut bien pousser fut du cerfeuil. Cette plante de la famille des Opiacées (ombellifères) était inconnue en Angleterre (tout comme les chicons d'ailleurs). J'avais ramené un paquet se semences de Belgique, et il avait tôt fait de germer. Imaginez un peu la tête de Mike, lorsqu'il goûta pour la première fois un potage au cerfeuil. Il en fut vite "Fan": Il adorait ça. Tout comme les chicons au gratin d'ailleurs. Parfois il était possible d'en trouver dans les magasins spécialisés en légumes "exotiques". 
 

 
A chaque fois que l'occasion se présentait, Mike m'emmenait visiter Londres et les environs. Un de ses endroits préférés était  "Hampstead Heath", ce gigantesque espace vert de 320 hectares surplombant le nord de Londres. Avec ces concerts de Musique Classique en plein air. L'orchestre était installe d'un côté du lac, sous une énorme coquille en béton (bowl). Le public était assis à même l'herbe, de l'autre côté de l'eau. L'acoustique était fabuleuse. C'était un endroit magnifique où il faisait bon se promener sous les frondaisons des arbres centenaires.
 
Neville Dewis, chez lui dans son jardin  
 
Nous avions un ami, Neville Dewis, une espèce d'artiste quelque peu "excentrique". Il était créateur de décors de théâtre pour le compte de la "BBC tv". Un garçon charmant, qui avait un sens de l'humour absolument délicieux. Il est mort en 2010, quelques semaines après mon chéri.
 
 
 
 Peter & Russell
 
 
 
Il y avait aussi un couple gay, Peter Glynn et Russell Cooper. Eux aussi étaient super sympas. Ils habitaient un superbe appartement dans "Mayfair", un quartier très chic de Londres. Ils collectionnaient des antiquités, surtout de l'argenterie et du cristal. Il y avait aussi quelque tableaux anciens. Ils possédaient en outre une superbe "Jaguar".
 
Peter était alors employé chez "Selfridges" un Grand Magasin haut de gamme du type "Harrods", dans Oxford street..Russell, lui, était chimiste travaillant dans l'industrie alimentaire, chez "Walls" (en Belgique cette firme s'appelait "Ola")
 
Ils n'ont pas eu beaucoup de chance: Leur appartement avait été cambriolé à plusieurs reprises.  Je suis toujours en rapport  avec Peter, qui lui est retourné en Irlande (la République). ... Russell quant à lui, est mort quelques années plus tard. (suicide)
 
 
(Photos ci-dessous:  Photos de Mike, écharpe flottant au vent, à Canterbury, Noël 1967, où nous avions été invités à passer les fêtes chez sa sœur... Le pardessus et l'écharpe aussi, je l'ai toujours gardée ... J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux)
 
 
 
 
 
 
L'été se passa gentiment, sans évènements notables. Nous nous aimions et nous étions heureux. C'est ce qui comptait en définitive. Nous étions toujours éperdument amoureux de l'un, l'autre. Cet état de choses à perduré durant toute notre vie ensemble.
 
En novembre, pour le "Guy Fawkes Day", avec l'aide de nos voisins qui occupaient le flat de l'autre côté du "Hall d'entrée",  nous avions organisé une "Guy Fawkes party" ... il y avait un monde fou et c'est alors que nous avions découvert que "Buzz" et Mark, étaient "Gays" eux aussi. ...  Tout le monde s'est bien amusé et on à beaucoup ri. (Voyez le Chapitre : ANECDOTES) ...
 
 
 
 
Guy Fawkes day est une tradition en Angleterre. Ce jour là, l'on commémore le fait que le 5 novembre 1605, un complot pour faire sauter le "Parlement" avait été déjoué. Ce jour tout le monde font des "feux de joie" on tire des "feux d'artifice" et l'on boit et l'on danse à cœur joie.
Nous aussi, et on avait organise un "feu de joie" au fond du jardin. Ce fut une belle partie de plaisir. Tous s'étaient bien amusé;  mais le lendemain ... quel boulot pour tout nettoyer et tout remettre en ordre.  Mais nous en avions gardés un excellent souvenir. 
 
  
 
Pour les fêtes de fin d'année 1967, nous avions été invités à les passer chez la sœur de Mike. J'allais faire la connaissance de Peggy et de son mari, Frank. Ils avaient un fils unique, Garry et un chien, "Prince", un Berger Alsacien.
 
 
Photos ci-dessous : Quelque vues de Chilham dans le Kent. Le village où habite toujours la soeur de Mike.

 
 
 
 
 
Nous avions pris le train, et nous débarquâmes chez eux, à Chilham, un joli village pas loin de Canterbury. Je fus accueilli comme quelqu'un de la famille. Nous avons passé un Noël traditionnel à l'Anglaise: Agréable et convivial ...  Pour le dîner il y avait la dinde traditionnelle, agrémenté de choux de Bruxelles, de carottes, de panais et de pommes de terre rôties ... Bien sûr il y avait la sauce aux airelles ... Et pour terminer le fameux "Christmas Pudding" (Plum Pudding). Ce fut là mon premier Noël en famille. (Le précédent (1966) avait été passé calmement à Ealing, rien que nous deux, en amoureux)
 
 
L'école Primaire à Chilham, ou Mike allait quand il était enfant.
 
 
Le lendemain, "Boxing Day", nous nous sommes rendus chez le maman et le papa de Mike, à Wrotham où ils étaient ouvriers agricoles et qui habitaient la ferme.
 
 La aussi je fus accueilli chaleureusement, comme un membre de la famille. La maman de Mike avait préparé un repas chaud pour nous. (J'ai oublié de dire que Mon Mike était issu d'une famille très modeste. Il était le plus jeune de 6 frères et sœurs). 
 
 
Le jour de l'an, il avait beaucoup neigé. Je n'avais jamais vu tant de neige en ville !  Notre rue était impraticable, il y avait une couche de plus de 40 cm.  Heureusement j'étais encore en congé de fêtes.  Le scooter n'aurait jamais pu passer par là, d'ailleurs elle était presque devenue invisible sous la couche de neige !  Le surlendemain les routes étaient dégagées, et j'ai pu rejoindre l'Aéroport sans trop d'encombre.
 
 
 
Quelques semaines plus tard, en revenant de l'aéroport, j'eus un accident. Je roulais à du 60  à l'heure, lorsque le pneu de la roue avant éclata.  Comme les roues d'un scooter sont plutôt petites, je ne pouvais éviter de perdre l'équilibre, et j'étais tombé sur la chaussée, coincé sous la "Lambretta" ... Comme nous étions en pleine heure de pointe, la circulation était très dense. Les voitures passaient à toute vitesse de part et d'autre de moi. Je crus ma dernière heure venue.  J'étais persuadé qu'une voiture allait me passer dessus ! Fort heureusement, un automobiliste s'est arrête pour venir à mon secours. Il m'avait relevé et installé dans sa voiture. Puis il est allé garer le scooter sur l'accotement de la route, la "Great Western Road". Ensuite il m'a conduit à l'hôpital "Guys" aux urgences ... Mon genou saignait beaucoup et me faisait très mal. Mon pantalon s'était déchiré au niveau du genou. On me soigna et on m'administra un injection contre le Tétanos. J'eus des difficultés pour marcher durant plusieurs semaines. Encore aujourd'hui, j'ai par moment des douleurs dans ce genou.
 
 
 
Inutile de préciser que Mike, m'avait interdit d'encore enfourcher ce "maudit" scooter.  L'engin est resté là, ou le brave automobiliste l'avait garé, au bord de la route !  Je n'ai aucune idée de ce qu'il est advenu de l'engin !
 
  
C'est aussi à cette époque, que Mike et moi, après de mûres réflexions, avions décidé de quitter Londres pour venir vivre à Bruxelles.  La vie à Londres était vraiment trop chère, nous n'arrivions pas à faire des économies. A Bruxelles, la vie était nettement moins chère et on y gagnerait mieux notre vie.  Je fis donc ma demande de réaffectation pour Bruxelles auprès de la Sabena.  Cela me fut refusé !  Je donnai donc ma démission et je cherchai du travail ailleurs, à Bruxelles.  J'en trouvai assez rapidement auprès de la  "Pan American World Airways", comme agent de comptoir. Je devais prendre mon poste en juin.  Mike n'avait pas encore trouvé d'emploi, mais ce ne serait qu'une question de semaines, pensait-on.  Donc, en attendant, il continuerait de travailler chez "Dillons" à Londres.
 
 
 
Entretemps, nos voisins du premier étage, John et Leslie, s'étaient mariés et habitaient un grand appartement à Kensington, Sloane Square. Ils avaient offert leur chambre d'amis à Mike en attendant son départ pour Bruxelles, ce qui était "chouette" de leur part. Sachant mon Mike "casé", je partis donc, rassuré, pour Bruxelles, mais j'avais quand-même le cœur gros, très gros ! C'était la première fois, depuis que nous vivions ensemble, que Mike et moi devions nous séparer pour une aussi longue période.  Aussi le départ ne se fit pas sans verser quelques larmes. On s'était promis de se téléphoner, chaque soir !
 
 

PLUS D'UN MOIS SANS MON MIKE, C'ETAIT LONG, BEAUCOUP TROP LONG !!!

 
 

 
 
 





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