Deuxième Chapitre
MON ADOLESCENCE
Me
voici donc définitivement en Belgique. Adieu la Hollande, ses
tulipes, les canaux d'Amsterdam, Adieu tout ce que j'avais connu
jusque-là. Cela n'avait cependant pas été trop traumatisant, car
j'aimais bien la Belgique. Après tout c'est ici que j'avais été le
plus heureux: J'y avais passé chaque année de merveilleuses
vacances. Bien entendu, Erwin me manquait. Nous avons continué à
s'écrire quelque temps, mais arrive un temps où on ne sait plus
quoi se dire et cela à fini par s'arrêter.
Vers
la mi-septembre, maman est venu me chercher à Jemappes, pour me
ramener vers mon nouveau foyer: Un petit appartement meublé à
Etterbeek, rue Louis Titz. L'appartement - c'est un grand mot - se
composait d'une grande chambre, faisant office de "studio"
avec un coin "salle
à manger",
deux fauteuils et un grand lit. C'était là que les parents et ma
petite sœur dormaient. Moi je dormais sur un lit réversible dans la
cuisine. Une salle de douche et un WC, complétait l'ensemble. Ce
n'était pas le grand luxe, mais c'était un début : Il fallait bien
se loger !
Je
ne connaissais pas du tout Bruxelles, c'était une toute nouvelle
expérience pour moi. Ma vie avait changé du tout au tout. D'abord,
plus question d'aller à l'école: les études, c'était fini, il
fallait que j'aille travailler pour gagner ma vie et participer au
budget familial. Nous ne possédions plus grand chose, à cause de la
faillite de l'entreprise de papa. Nous n'avions plus que le strict
nécessaire. Pour le superflu, on verrait plus tard ...
On
m'avait trouvé mon premier boulot, j'avais 15 ans, alors ! C'était
chez un boulanger-pâtissier,
avenue de la Chasse. Le travail commençait à trois heures du matin.
Je devais allumer les fours, aider le patron à pétrir le pain, etc.
Un travail d'apprenti, quoi! La confection de la pâtisserie, c'était
l'affaire du patron. Il était bien gentil le patron, il m'avait
autorisé de goûter à tout, tant que je voulais. C'était une
stratégie de sa part, qui porta vite ses fruits. Au bout de quelques
jours, à force d'avaler de la crème pâtissière et du chocolat,
j'en fus tellement dégoûté, que pour finir je n'y touchais plus.
C'était bien sûr l'effet recherché ... Pas bête, le patron, hein
!!!
Je
ne suis pas resté bien longtemps chez le brave boulanger. Les
horaires étaient vraiment trop horribles. Il fallait que je me lève
tous les jours à 2 heures du matin. Et je ne rentrai à la maison
que vers 13, 14 heures, si tout allait bien. J'étais mort de
fatigue. J'ai bien vite compris que si c'était cela, la vie de
boulanger, ce ne serait pas la mienne ! Au bout de 6 ou 7
semaines, je laissa là, fours, farines et autres levures, pour un
autre emploi, qui me laisserait dormir la nuit !
Le
trouvai donc mon second emploi, à la Porte de Namur, chaussée
d'Ixelles, dans un Adolphe Delhaize, où je me suis bien plu, durant
6 ou 7 mois. On m'avait affecté au rayon des "Fruits
et Légumes".
Je n'ai jamais mangé tant de fruits de ma vie. Le gérant et le
personnel étaient très gentils avec moi. Parfois je devais aller
livrer des fruits et des légumes à un hôtel-restaurant, "Le
Berger"
dans la rue du Berger. Je me souviens que je recevais toujours un
gros "pourboire"
Ce n'était que plus tard que j'appris que "Le
Berger"
était en fait une maison de "passe",
mais dans ma naïveté, je ne m'en étais jamais aperçu. Il y avait
bien les "dames"
qui me trouvaient "mignon",
mais je n'avais jamais fait le rapprochement ! En fait, rue du
Berger, c'étaient les bergères qui tondaient les moutons ...
Durant
mon temps libre, les week-end, j'aimais aller aux Musées du
Cinquantenaire, à deux pas de chez nous. J'aimais particulièrement
le Musée d'Art et d'Histoire. J'étais fasciné par la section
"Gréco-Romaine":
Les magnifiques statues d'hommes nus
... ne me laissaient pas de marbre !
L'Egypte
antique m'attirait tout autant. Parfois j'y emmenais ma petite sœur,
qui avait alors 5 ans, et qui adorait accompagner son grand frère .
Elle amait bien ce musée, elle était fascinée par les "momies".
Vers
la mi-1954, nous
avions déménagé à Schaerbeek, rue Adolphe Marbotin. Nous
avions loué un appartement au premier étage dans une maison,
propriété de Tante Romaine, une sœur de mon Grand-père.
C'était un vrai "Gendarme",
ce qu'on peut appeler une femme "formidable",
encore faut-il apprécier ce genre de "virago".
C'était assez spacieux, il y avait une cuisine. Je me souviens qu'il
y avait une grosse "cuisinière"à
charbon en plus de la "gazinière"
... Il y faisait bien chaud en hiver ... et la bouilloire "chantait"
sur le coin du feu ... c'était "Cosy"
! Il y avait une salle à manger, une chambre à coucher, une salle
de douche, et moi j'avais une chambre mansardée, munie d'un "œil
de bœuf" en guise de fenêtre, d'ou je pouvais découvrir tout
le bas de Schaerbeek. J'aimais m'y refugier pour lire, où pour
simplement être seul. Mon livre de chevêt de l'époque, était un
roman historique de Henryk Sienkiewicz: "QUO
VADIS !"
... On en avait tiré un film avec Peter Ustinov, Robert Taylor et
Deborah Kerr, qui était l'un de mes préférés. Je crois bien
encore aujourd'hui !
Entretemps
j'avais quitté "Adolphe
Delhaize"
pour un "job"
dans un atelier de sérigraphie "Les
Impressions Hami",
ou je fis la connaissance de Georget
Lebon, un
collègue. Et coïncidence, il était aussi mon voisin: Il habitait
dans la maison a côté de la notre. Lui, ainsi que son frère,Jean,
faisaient partie du "Patro
Ste Suzanne"
... Ils avaient vite
fait de m'attirer vers ce Mouvement de Jeunesse. Ce ne fut pas long
avant que je devins un des "Dirigeants"
... Ce fut une chouette époque, insouciante qui devait se
terminer en 1961.
C'était
aussi à cette époque que je devins "acolyte"
dans notre église paroissiale, Ste
Suzanne ...
J'y servais la Messe, surtout la "Grand'messe"
du dimanche, ainsi que les "Vêpres
et Complies"
dans lesquels je chantais aussi. (j'avais une assez jolie voix).
(Photos
ci-dessous : L'église Sainte Suzanne ou j'étais "acolyte")
J'ai
gardé de bons souvenirs de cette époque : J'adorais endosser
la soutane et le surplis. (J'ai même eu des désirs de devenir
prêtre, idée que j'avais abandonné bien vite, ayant décidé
que ce n'était pas ma vocation). Le Curé de l'époque, l'Abbé
Albert Ryckmans, était très fier de son équipe d'acolytes. Nous
étions une trentaine, agés entre 10 et 24 ans. Les cérémonies
réligieuses
étaient superbes à l'époque. On en était toujours à la Messe
traditionelle,
chantée (où dits pour les messes"basses") en Latin.
(Introïbo ad altare Dei ...) C'était très beau et les églises
étaient encore pleines en ces temps là. En plus de Mr. le Curé, il
y avait encore 4 vicaires. Il n'y avait pas encore de pénuries de
prêtres à l'époque (Que s'est il donc passé, pour que cela ait
tellement décliné ?)
L'abbé
Ryckmans était réputé pour ses homélies: On venait de loin pour
les écouter. Il est vrai qu'il ne mâchait pas ses mots. Le dimanche
il y avait 5 Messes, la première a 7 heures, la dernière à 12
heures (la messe des "paresseux",
qu'il disait), la Grand'messe était à 10 heures. C'était lui qui
faisait
"l'homélie"
à chacune d'elles ... c'est dire qu'il était rodé pour cette messe
de "midi"
... En fin d'après-midi on chantait les Vêpres et Complies, suivie
par la bénédiction du Saint Sacrement.
Je
puis affirmer, honnêtement, que cette période à été la plus
belle de ma jeunesse.
Fin
1954, je changeai de nouveau d'emploi. Papa, qui était
"étalagiste-décorateur"
pour un grand magasin, me trouva un emploi comme
"étiquettiste-calicotiste"
dans un magasin à rayons multiples, le "Au
Bon Marché", Boulevard
du Botanique. (Ce magasin n'existe plus, mais le bâtiment subsiste
toujours). J'y suis resté que 15 mois. Le travail n'était pas des
plus "excitants".
C'est
à cette époque que mes tendances "Gay"
se sont fait jour. En effet, les abords du "BM"
étaient connus comme étant un endroit de "drague"
pour les "Pédés" (Quel horrible mot, je préfère de loin
"Gay", ce nom qu'on utilise de nos jours). Vous devinerez
facilement la suite: J'étais comme une "abeille » devant
un pot de miel", comme un "clou devant un aimant" !
Ce qui devait arriver, arriva ! Je m'étais fait "draguer"
et j'étais passé à la "casserole",
comme on dit si joliment. C'est à la casserole qu'on saute les
pommes de terre, et je ne sais pas si elles y prennent autant de
plaisir que je n'ai pris cette fois-là ! Le "Pied" !
Ce
fut l'étincelle qui alluma la mèche qui allait faire "exploser"
mes préférences pour le genre masculin. Bien sûr ce n'était pas
nouveau, j'avais compris depuis longtemps déjà, que j'avais une
attirance certaine pour les hommes, mais je n'avais jamais franchi le
pas. Je n'avais jamais osé approcher qui que ce soit (sauf les
statues grecques) de peur de la réaction qui aurait pu s'en suivre.
Et puis, il y avait le qu'en dira-t-on. En outre il y avait le Patro
et l'Acolytat, où ce n'était sûrement pas le genre de la maison.
A
cette époque, tout ce qui touchait à la sexualité, était "tabou",
péché mortel, enfer et damnation éternelle...
On
pouvait s'imaginer, Satan devant sa "marmite",
faisant "mitonner"
tous ceux qui avaient osé faire autre chose que faire pipi avec leur
"zigounette",
mijotant sur le feu de l'enfer.
En
outre, je ne me voyais pas confesser à mon "Directeur de
conscience", qui était aussi l’Aumônier du Patro, mes
tendances "Intrinsèquement
désordonnés, contraires à la Loi Naturelle",
comme le déclarerait quelque 50 ans plus tard, Mgr. Joseph Léonard".
Donc
le seul acte que je lâchais en confession, était la chose que tous
les jeunes de mon âge (17 ans à l'époque) pratiquaient à tour de
poignet: La "Masturbation".
Ce que je confessais par : "Mon
Père, j'ai pêché par impureté"
... du reste, ne pas confesser cela, aurait été suspect, à moins
que je ne sois un Saint, ce dont on ne m'a jamais soupçonné.
A
vrai dire, je n'eûs plus d'expériences "Gay"
pendant longtemps. J'étais trop pris par mes occupations dans la
paroisse et mon boulot. (et je l'avoue, par peur de me faire
découvrir).
Entre-temps,
nous avions de nouveau déménagé. Suite à un gros différend,
entre mes parents et la Tante Romaine, maman et papa avaient trouvé
un "superbe"
appartement situé à l'angle de la rue Guillaume Kennis et de
l'Avenue Gustave Latinis. Au troisième étage et dans le même
quartier. Toutes les pièces donnaient sur la rue (sauf la
cuisine et la salle de bains)
.. Il y avait 9 fenêtres en façade. Imaginez le nombre de vitres
à laver ! La vue était superbe: On pouvait voir jusqu'au "Domaine
Royal"
et la Tour Japonaise ... et pour la première fois, ma petite sœur
avait une chambre, pour elle toute seule. Ce qu'elle était fière !
Et puis on s'était rapproché de Ste. Suzanne et de l'Institut des
Dominicaines, où Nadine faisait ses "Primaires".
A peine 100 M. à pieds.
En
1955, je tombais gravement malade. Je me plaignais depuis quelque
temps déjà, de maux dans le dos, entre les côtes. Je faisais
régulièrement des visites au service médical du "BM" et
invariablement le médecin diagnostiqua: "Névralgies
Intercostales"
! Mais les douleurs devenaient de plus en plus sévères, au fur et à
mesure que le temps passait. Mon travail commençait à en souffrir,
à un tel point que je fus licencié !
Papa,
s'arrangea alors pour me faire engager comme "étiquettiste"
auprès de lui, chez "Priba".
Avant d'être engagé il m'avait fallu passer la visite médicale.
Lorsque je mentionnai mes "Névralgies Intercostales" au
médecin, il avait trouvé cela "suspect"
et il me fit passer des tests et une "Radioscopie"
... On avait diagnostiqué, une "Infiltration
Tuberculeuse des Sommets des Poumons"
... On m'expédia dare-dare au Sanatorium "Georges
Brugmann"
à Alsemberg.
(Ici
je suis en compagnie de maman, lors de mon séjour en Sanatorium)
Quelques
jours après mon arrivée dans cet établissement, mon état s'empira
brusquement : Je fis une Pleurésie, qui faillit m'être fatale. Je
fis tellement de fièvre que je commença à "délirer" et
que je ne reconnaissait plus mes parents, lorqu'ils venaient me voir.
Heureusement, le médecin-directeur de l'établissement, le Dr. Wyns,
parvint, à gros renfort de "Streptomycine"
et de "Rimifon",
à enrayer la maladie. Je devais subir des ponctions tous les jours,
jusqu’à ce que l'infection ce soit dissipée.
Petit
à petit, je me remis, et on m'installa dans une chambre à quatre
lits, avec des jeunes d'à peu près mon âge (ils avaient entre 18
et 21 ans). Il ne me fallut pas longtemps pour m'apercevoir d'un
étrange "manège"
après l'extinction des lumières. Les gars de la chambrée se
rendaient visite les uns aux autres, dans leurs lits. La bienséance
m'interdit d'être plus explicite.
Lorsque
l'un d'eux m'avait invité à participer à leurs ébats, je n'avais
pas hésité bien longtemps. Genre de temps que l'on compte
en "nanosecondes"
...
Mes
"tendances"
furent à nouveau réveillées. En fait elles n'attendaient que cela
! C'est alors que j'acquis un peu plus "d'expérience" ...
Quoique ce n'était pas encore la "grande explosion" :
Celle-ci ne surviendrait que quelques années plus tard !
Après
13 mois de "Sana", je pus enfin rentrer définitivement à
la maison. J'étais déclaré entièrement guéri de la Tuberculose.
Je n'ai jamais plus revu aucun de mes "compagnons"
de chambrée...
Nous
sommes à la mi-1956 ... A ma grande surprise, la place chez
"Priba"
était toujours "ouverte" (probablement grâce à papa). Je
repris le travail après un bref apprentissage au magasin de la rue
de Halles, près de la Bourse. Quelques mois plus tard, je fus
transféré dans une nouvelle succursale, Rue Richard Vande Velde à
Schaerbeek. Là, je travaillais seul, comme décorateur-étalagiste.
Le gérant, Mr. Dewolf, avec qui je m'entendais à merveille, m'avait
donné "carte blanche" pour tout ce qui concernait la
décoration du magasin. En outre, lorsqu'il y avait affluence, on me
demandait de donner un coup de main à la vente. J'adorais cela !
Côté
loisirs, je repris du service auprès du Patro et comme Acolyte. Mes
tendances "Gay"
s'étaient de nouvé estompées, mises en "veilleuse"
en quelque sorte. Les mois passèrent. J'étais heureux avec tout ce
que je faisais. Les activités au Patro m'absorbaient totalement:
l'organisation des jeux, les veillées, les fêtes ... En outre le
dimanche il y avait la Messe et les Vêpres ... J'adorais cela,
pour rien au monde, j'aurais raté cela. Cela m'avait beaucoup manqué
durant ces 13 mois au sanatorium. Quoique, il y avait une chapelle au
"Sana",
où un "vieux" prêtre venait dire la Messe les dimanche et
les jours fériés. Bien entendu, j'y servais la Messe.
Cette
période était faste pour moi. L'époque était fort différente de
celle que nous connaissons aujourd'hui. La libération de la guerre
n'était pas encore tellement éloigné dans le passé, et la plupart
des jeunes avaient étés éduqués dans le souvenir de cette époque
troublée. Il y avait beaucoup plus de discipline, alors. Les jeunes
n'étaient pas laissés à leur sort comme aujourd'hui.
Ils
avaient encore du respect pour leurs aînés.
C'est
aussi à cette époque que je suivais des cours du soir de dessin et
publicité, à l'Ecole Saint Luc, rue de Palais. J'aimais beaucoup
cela. Surtout les cours de dessin au fusain. Il y avait toujours un
jeune homme (il était très beau) qui posait tout nu. Je crois que
je l'ai dessiné sous tous les angles possible. Parfois on dessinait
le portrait d'un des élèves qui était désigné pour poser. Il y
avait notamment Herbert. Je lui ai fait son portrait, et il avait
adoré. Il m'avait même demandé si je voulais bien le lui
donner. Il faut dire qu'il était "beau
gosse"
et que j'étais attiré par lui. Il était musicien (il jouait du
violon, de l'Alto) et dans la journée il allait au conservatoire. Un
jour je l'ai ramené à la maison pour le présenter à mes parents.
Nous nous sommes pas fréquentés très longtemps, d'abord il n'était
pas "Gay"
du tout, et il était très pris par la musique et le dessin ...
1957...
La
vue qu'on avait depuis notre appartement était en train de changer
très rapidement. Le Boulevard Lambermont avait subi de grosses
transformations. D'une artère verdoyante, bordée de 4 rangées de
Vieux Platanes, avec une piste équestre, une piste cyclable et la
ligne de tram sous les frondaisons et 2 voies carrossables de part et
d'autre, elle était devenue une véritable "Autoroute
Urbaine".
Disparus les beaux arbres, ils avaient dû faire place à l'Asphalte.
A l'horizon on pouvait apercevoir le travaux de l'Expo
'58. La
construction de
l'Atomium
avançait à grand pas. Bruxelles n'était plus qu'un gigantesque
chantier. L'ancienne Gare du Nord avai cèdé la place au une tour de
verre, le "Centre
Martini".
Un long viadux partait de la Place Rogier vers la Place Simonis. La
vieille "Gare
de l'Allée Verte",
Monument Historique, puisque c'est de là que c'était ébranlé le
tout premier train du continent, avait été démolie, pour faire
place à l'Héliport (qui lui aussi à disparu aujourd'hui) ... Et
tout cela pour "l'Exposition Universelle de Bruxelles 1958"
Puis,
enfin, ce fut l'ouverture de "L'EXPO
'58" ...
Il faut dire que cette année avait commencé sur les chapeaux de
roues. Pour me faire
un
peu d'argent de poche supplémentaire, j'avais offert à Mr. Dewolf
de faire le nettoyage du magasin le soir après la fermeture, juste
le temps que la femme de ménage fasse son accouchement. Cela m'avait
rapporté un beau petit pécule supplémentaire. Je rêvais de
posséder un "magnétophone",
ce qui était quelque chose de "nouveau" pour l'époque.
Avec ce que j'avais gagné, j'eus tôt fait de l'acquérir.
Mes
parents, quand à eux, avaient mis deux chambres, la leur et la
mienne, à la disposition de "Logexpo"
... La chambre de ma sœur fut tranformée en chambre pour les
parents et ma sœur, tandis que moi je dormais sur le canapé du
living. Cette période "Logexpo" fut un franc succès. Pas
mal de gens avaient défilé chez nous, de toutes Nationalités,
des quatre coins du monde. Ce fut très agréable de faire la
connaissance de tous ces gens.
Il
faut dire qu'il y avait quand-même des gens un peu "bizarres".
Je me souviens d'un Italien, qui tous les matins sortait a 6 heures,
vêtu d'un grand manteau noir et avec un immense parapluie, et qui
allait attendre le premier tram à l'arrêt juste en face de chez
nous.
Une
autre fois c'était un jeune Américain, un Texan de Houston, qui
lui, préfèrait passer les soirées avec nous à discuter et à nous
apprendre à jouer au Poker.
Je
me rappelle d'avoir reçu une invitation personnelle,
sur papier parchemin, à une réception au "Belvédère"
(là où Leurs Majestés le Roi et la Reine habitent actuellement)
par le Baron Moens de Fernig. Je n'ai aucune idée en quelle honneur
et comment ils ont eu mon nom. Inutile de dire que j'ai décliné
l'invitation, poliment.
Je
suis allé à maintes reprises a "l'Expo", seul et avec le
Patro. C'était formidable, toutes ces merveilles, exposées à la
vue de tous. Toutes ces prouesse technologiques. C'était l'époque
où l'Union Soviétique avait mis sur orbite le tout premier
satellite artificiel, "SPOUTNIK",
dont on pouvait admirer la copie dans le pavillon de l'URSS. Tous les
visiteurs étaient fascinés par cette petite boule de métal, dont
l'original tournait autour de la terre en émettant comme unique
signal radio un : BIP, BIP, BIP ..., qui fut diffusé" par
toutes les radios du monde.
NOUS
ETIONS BEL ET BIEN ENTRES DANS L'ERE SPATIALE !
Malgré
toute l'agitation qui secouait Bruxelles, cette année là, j'jétais
quand même parti passer mes vacances avec ma Marraine et mon Oncle,
à Olloy-sur-Viroin. Nous logions è l'Hostellerie du Viroin, juste
en face de la Gare. Cet établissement n'existe plus de nos jours.
Là,
je fis la connaissance du fils de la patronne de l'hostellerie. Un
très gentil garçon, Emile, qui avait a peu de chose près mon âge.
Il n'a pas fallu longtemps pour que je me rendis compte qu'Emile
avait les mêmes tendances que moi. On devint amis, le temps des
vacances. Nous faisions de longues randonnées à bicyclette, dans la
région. Emile me montra tout ce qu'il y avait à voir dans la
région: Le "Fondry
des Chiens"
à Nismes, les "Abannets"
le "Matricolo",
etc. Il faisait un excellent guide. Nous avions beaucoup parlé et
fait de longues promenades en forêt, découvrant la nature de près.
... Ce fut là que nous avions examinés nos "natures"
de plus près ... si vous voyez ce que je veux dire ! C'est cela
qu'on appelle, les leçons des choses ... Mais Emile était qu'un bon
copain, rien de plus. Je l'ai revu en vacances en Autriche. Par la
suite je l'ai perdu complètement de vue. Je n'ai aucune idée ce
qu'il est devenu.
Une
fois l'Expo terminée, la routine repris son cours. Je pus
ré-intégrer ma chambre et retrouver
ce qui faisait mon quotidien.: le travail, le Patro et l'Acolytat ...
C'est
à cette époque que mourut SS. le Pape Pie XII. Pour moi ce fut un
événement marquant, car avec quelques autres acolytes, nous
avions été désignés par Mr. le Curé pour sonner le "glas"
... Pour ce faire, nous devions monter dans le clocher de l'église
et donner un coup de marteau sur le Bourdon, toutes les 5 minutes,
depuis le lever du soleil, jusqu'au coucher. On se rélayait toutes
les heures.
Cette
journée du 9 octobre 1958, nous parut interminable !
(Ci-dessous,
les trois photos au "Patro" Sainte Suzanne, en camp d'été
à Lourdes)
En
1959, je partis au Camp avec le Patro, destination les Pyrénées et
Lourdes.
Comme j'avais toujours une santé fragile, suite à ma
Tuberculose, je ne dormais pas sous la tente, mais à la ferme d'à
côté ... Ainsi que notre Aumônier.
Comme
de bien entendu, nos fîmes le Pèlerinage à Lourdes au sanctuaire.
Cela
m'avait laissé une forte impression. Toute cette souffrance, tous
ces malades qui viennent là par milliers, avec l'espoir d'une
guérison. La ferveur était omniprésente, palpable. par contre, ce
qui me déplut "souverainement",
c'était le commerce, omniprésent, de bondieuseries ... On y vendait
des chapelets, des images pieuses, de l'eau de Lourdes en bouteilles,
des statuettes, des vierges "porte clefs" et tutti
quanti.... Je suppose que tout le monde à le droit de gagner sa vie,
mais tant de mauvais goût, c'est choquant quand-même !
De
retour au travail, le nouveau gérant du Priba Schaerbeek, Mr. Close,
avait été désigné pour ouvrir un tout nouveau magasin à Jette,
rue Léopold 1er. Il s'agissait d'un tout nouveau concept à
Bruxelles, un "Supermarché"
de style USA. Le gérant m'avait offert,
ainsi qu'à quelques autres personnes de l'accompagner dans
cette l'aventure. Nous avions accepté bien volontiers, car Mr.
Close était un chouette patron, que nous aimions bien. Donc on
partit pour la nouvelle succursale pour
"faire l'ouverture"
... Ce "Super" existe toujours, mais sous l'enseigne de
"Carrefour"
En
1960, cette période heureuse de ma vie allait prendre une toute
nouvelle tournure. On avait offert à maman la gérance d'un Magasin
de Papeterie, Librairie et Articles pour Fumeurs, "SOGESMA"
... Le magasin se trouvait Square Gutenberg. ... Maman ayant accepté
l'offre, nous voici donc devant un nouveau déménagement. Nous
allions vivre dans l'appartement au dessus du magasin. C'est ainsi
que j'ai dû cesser de fréquenter Ste Suzanne, le Patro,
l'Acolytat ... Terminé, Stop ! Le Square Gutenberg était vraiment
trop loin de Ste Suzanne.
Tout
était en place pour que ma vie change radicalement.
En
déménageant, je laissais derrière moi, mon adolescence !
Ma
vie d'adulte était sur le point de commencer véritablement.